
« Il est très important de ne pas prendre de la ciguë pour du persil, mais nullement de croire ou de ne pas croire en Dieu. » 1055
(1713-1784), La Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749)
L’élève des jésuites a vite « mal » tourné : du déisme au scepticisme, puis à l’athéisme et au matérialisme. Cette trop libre pensée lui vaut trois mois de prison au donjon de Vincennes. Il s’efforcera ensuite d’être un peu plus prudent. Mais la censure n’a plus la rigueur du siècle de Louis XIV et l’Église n’a plus la même autorité en France.
« Si la raison est un don du Ciel et que l’on puisse en dire autant de la foi, le Ciel nous a fait deux présents incompatibles et contradictoires. » 1056
DIDEROT (1713-1784), Addition aux pensées philosophiques (1762)
Dès 1746, il milite dans les Pensées philosophiques pour la religion naturelle et contre le christianisme. Il se montre plus violent dans l’Addition.
Son matérialisme nie « qu’une intelligence suprême ait fait, ordonné, disposé tout à quelque bien général ou particulier » , puisque tout s’explique aussi bien mécaniquement. Autre argument de Diderot : « La pensée qu’il n’y a point de Dieu n’a jamais effrayé personne » – mais elle contrarie fort Voltaire, fervent déiste : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » (Épîtres)
« Le fanatisme est une peste qui reproduit de temps en temps des germes capables d’infester la terre. » 1057
DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Christianisme »
L’Encyclopédie est aussi hardie sur le plan religieux que prudente en politique (sauf quand Diderot prend la plume).
Frère philosophiques de Voltaire sur ce thème, il écrit dans l’article Intolérance : « L’intolérant est un méchant homme, un mauvais chrétien, un sujet dangereux, un mauvais politique et un mauvais citoyen. » Si seulement sa parole pouvait être aujourd’hui entendue de par le monde…
« Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. » 1059
DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Autorité politique »
Auteur de plus de mille articles, il rédige le plus hardi en matière politique : c’est la condamnation de l’absolutisme, qui s’inspire de l’empirisme anglais de Locke et rejoint le Rousseau du Contrat social.
Selon Diderot, la seule autorité établie par la nature est la puissance paternelle, limitée dans le temps. Toute autre autorité ne peut avoir que deux sources : « la force et la violence de celui qui s’en est emparé, ou le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat » .
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