Hugo : « Voltaire alors régnait, ce singe de génie, chez l'homme en mission par le diable envoyé. »  

Règne de Louis XV (1723-1774).

Le roi est trop jeune et peu pressé de régner personnellement, jusqu’en 1743 – après, il règnera peu et plutôt mal.

C’est véritablement le « siècle de Voltaire »  . Il en est l’acteur principal et l’auteur le plus cité, pour son humour et pas seulement : son génie, ses écrits en tous genres, ses combats de philosophe (intellectuel engagé avant la lettre). Il sera tour à tour admiré et détesté et les deux à la fois, nombre de contemporains se situant par rapport à lui. Un personnage incontournable de l’Histoire.

« Voltaire alors régnait, ce singe de génie, Chez l’homme en mission par le diable envoyé. »  1017

Victor HUGO (1802-1885), Les Rayons et les ombres (1840)

L’hommage nuancé s’explique : si différents que soient les deux personnages, si opposés même leur nature, ils furent l’un et l’autre à l’image de leur temps, entrant vivants dans la légende après s’être jetés dans toutes les luttes.

Le Panthéon les réunit à juste titre : aux grands hommes, la patrie reconnaissante.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« D’autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice […] Paris le couronna, Sodome l’eût banni. »  1018

DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg

Le plus drôle ? C’est dit sans humour, par ce conservateur donneur de leçons. Vice et vertu, valeurs à suivre jusque sous la Révolution.

« Mon nom, je le commence, et vous finissez le vôtre. »  1096

VOLTAIRE défendant son pseudo, face au chevalier de Rohan-Chabot, janvier 1726

Un noble méprise ce bourgeois « qui n’a même pas un nom. »   La scène se passe à la Comédie-Française. Belle insolence, au risque de la prison, l’exil.

« Oh ! le bon temps que ce siècle de fer ! »  1019

VOLTAIRE, Le Mondain (1736)

Il l’adore, oui, mais il reconnaît ses défauts les plus choquants – l’intolérance et l’injustice à tous les niveaux.

« La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d’appétit et ceux qui ont plus d’appétit que de dîners. »  984

CHAMFORT

Vérité qui s’impose plus cruellement à la fin de l’Ancien Régime : les riches (privilégiés) se sont enrichis, les pauvres (surimposés) ne profitent pas de la prospérité économique.