Napoléon et la religion. Un « couple infernal », surtout avec Pie VII, sacré pape de caractère !
Quelques perles d’humour, même si le sujet ne s’y prête pas. Il faut plus que jamais remettre les mots en situation - vocation et raison d’être de l’Histoire en citations.
« Dieu a établi Napoléon, notre souverain, l’a rendu son image sur la terre […] Honorer et servir notre Empereur est donc honorer et servir Dieu. »1814
(1772-1851), Catéchisme à l’usage de toutes les Églises de l’Empire français, 4 août 1806
Le rédacteur, neveu de Portalis (ministre des Cultes), s’inspire de Bossuet, mais insiste plus lourdement sur l’obéissance au prince qui gouverne. Napoléon a clairement mis la religion à son service : « Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole… Il n’y a que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable. »
Cette conception utilitaire rappelle le siècle des Lumières et surtout le déisme de Voltaire, mais aussi Robespierre qui créa le culte de l’Être suprême, éphémère religion sous la Terreur.
Un autre passage du catéchisme impérial précise : « On doit à l’Empereur l’amour, les impôts, le service militaire, sous peine de damnation éternelle. » Autrement dit, les opposants iront en enfer. Il est permis d’en sourire, aujourd’hui.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je vous dispense également de me comparer à Dieu […] Je veux croire que vous n’avez pas réfléchi à ce que vous m’écriviez. »1832
NAPOLÉON Ier, lettre au vice-Amiral Decrès, ministre de la Marine, 22 mai 1808
Il est entouré de courtisans, la servilité a quand même des limites et s’attire ce genre de riposte furieuse. Decrès, homme par ailleurs courageux (au combat) et compétent (sur les questions maritimes) avait trop bien appris le catéchisme impérial.
« C’est la dernière fois que j’entre en discussion avec cette prêtraille romaine. »1829
NAPOLÉON Ier, Lettre à Eugène de Beauharnais, 22 juillet 1807
La « prêtraille », c’est le pape. Pie VII refuse d’annuler le mariage (américain) de Jérôme Bonaparte, cadet des quatre frères, et de se joindre au blocus contre l’Angleterre, au nom de sa neutralité de pasteur universel. Les relations vont tourner au drame.
« Je sais qu’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, mais le Pape n’est pas Dieu. »1852
NAPOLÉON Ier au Comité ecclésiastique, Paris, 16 mars 1811
Pour l’heure, Pie VII est prisonnier, otage à Savone depuis bientôt deux ans, et les affaires religieuses complètement désorganisées en France. D’où la décision de Napoléon : convoquer un concile pour mettre de l’ordre.
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