Dernière élection du printemps 2017. Les législatives. Occasion d’évoquer quelques Assemblées nationales épiques, voire héroïques.
1er jour, petite histoire des députés en citations. Métier à haut risque et « CDD », depuis la Révolution qui aligne trois Assemblées en cinq ans (Constituante, Législative, Convention). Métier passionnant, convoité, régulièrement remis en question. Il faut de tout pour faire une Assemblée nationale, comme le prouve l’Histoire en citations.
« Quand donc finira cette boucherie de députés ? Il est temps de faire cesser la terreur contre les représentants. »1557
(1764-1794), Discours au club des Jacobins, 10 novembre 1793
La Société des Jacobins (1889), François-Alphonse Aulard.
« La Terreur est à l’ordre du jour », par décret du 5 septembre 1793. Basire déplore la mort d’un collègue et se sent lui-même menacé. Le lendemain, Dufourny relève ces propos dictés par la passion et stigmatise l’incivisme : « Vouloir modérer un mouvement rapide et salutaire, c’est vouloir rétrograder. Si la Convention mollit, bientôt elle sera inondée de pétitions de la part des parents et des partisans de tous ceux qui sont maintenant dans les maisons d’arrêt, et ceux qui ont contribué aux arrestations de ces individus seront eux-mêmes traduits dans les prisons et peut-être conduits au supplice. »
Entré en politique à la Législative, Jacobin convaincu, Basire participe aux journées révolutionnaires du 10 août et de septembre 1792, puis s’oppose aux Girondins à la Convention. Devenu modéré, ça lui sera fatal dans les mois à venir.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Désormais, ces messieurs sauront qu’ils ont toujours une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, ils voteront peut-être des lois plus justes. »2510
Auguste VAILLANT, Déclaration à la police qui l’interroge, après l’attentat qu’il a perpétré, le 9 décembre 1893
Troisième République. Au procès, l’anarchiste affirme avoir lancé sa bombe à la Chambre pour venger son idole Ravachol et non pour tuer. Il est exécuté le 5 février 1894. Une semaine plus tard, explosion d’une autre bombe : « le cri de toute une classe qui revendique ses droits », disait Vaillant.
« Que je suis dépité / De ne pas être député, / Moi, marquis et baron…
Qui me préfère-t-on ? / Un plébéien, un avorton,
C’est un homme de rien / Qui lui-même a gagné son bien […]
Quelle horreur ! quelle horreur ! / Je ne veux plus être électeur. »2009DEBRAUX, L’Électeur désappointé (1827), chanson
Restauration. Chansonnier populaire, il se moque des électeurs éconduits. Le plus dépité de l’histoire, c’est le chef du gouvernement. Villèle comptait retrouver une « chambre introuvable » (députés très majoritairement de droite dure). Sur 450 élus, plus que 201 partisans. Un désaveu de sa politique.
« Il n’est pas nécessaire pour faire un bon représentant d’avoir de l’éducation et de la fortune […] Un brave paysan, avec du bon sens et de l’expérience, représentera mieux les intérêts de sa condition qu’un citoyen riche et lettré. »2158
Lazare CARNOT, ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement provisoire
Deuxième République. Il s’adresse aux recteurs, pour les élections à l’Assemblée constituante du 23 avril 1848. Résultat : triomphe des républicains modérés (donc de Lamartine) : 500 élus sur 900 députés. Victoire très provisoire, avant les émeutes de juin et l’entrée en scène de Louis-Napoléon Bonaparte.
« Qu’on soit modéré, radical ou révolutionnaire, on est avant tout député. »2394
Robert de JOUVENEL, La République des camarades (1913)
Troisième République : naissance de la « profession parlementaire ». Le relèvement massif de l’indemnité des députés en 1906 est révélateur d’un milieu de politiciens qui accaparent l’État à la faveur du « Bloc » radical. Le mécanisme des unions, ralliements, regroupements à des fins purement électorales renforce la confusion.
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