Fin du siècle des Lumières et règne de Louis XVI (1774-1792). L’humour français ne perd pas ses droits, jusqu’à la Révolution où il changera naturellement de ton.
Louis XVI, bien jeune pour régner, n’est surtout pas fait pour ce métier. Marie-Antoinette, dauphine adorée, va se révéler une reine pour le moins maladroite et bientôt détestée, dans un contexte politique explosif.
Deux voix annoncent la Révolution, Rousseau (seul de tous les philosophes) et Beaumarchais (par le génie du théâtre).
« Pour vous faire une idée de son caractère, imaginez des boules d’ivoire huilées que vous vous efforceriez vainement de faire tenir ensemble. »1201
(1755-1824), entretien avec le comte de La Marck
Mirabeau et la cour de Louis XVI, Revue des deux mondes, tome XI (1851).
Le futur Louis XVIII est l’un de nos rois véritablement doués d’humour et ses deux frères en font les frais. Il parle ici de l’aîné, faisant allusion à un jeu de boules furieusement à la mode, avant la Révolution.
Louis XVI est à coup sûr le roi le moins armé pour affronter la tourmente à venir. Témoignages unanimes à son sujet.
« Il n’aura probablement jamais ni la force ni la volonté de régner par lui-même », selon Mercy-Argenteau, ambassadeur à Paris de 1780 à 1790, qui exerce une grande influence sur Marie-Antoinette et correspond avec sa mère Marie-Thérèse d’Autriche. Il note l’inquiétante sujétion du roi vis-à-vis de sa femme, quelques années après leur mariage : « Sa complaisance ressemble à de la soumission. »
Le ministre Choiseul se montre plus sévère encore, voyant en Louis XVI un « imbécile » au sens d’handicapé cérébral. Selon ses frères et cousins, cette imbécillité aurait justifié un Conseil de régence (comme jadis pour Charles VI le Fou). En fait, Louis XVI est surtout un timide maladif, myope de surcroît au point de ne pas reconnaître les gens.
« Tout propos soutenu l’accable, toute réflexion le déroute. » La reine parle elle aussi du roi comme d’un homme aveugle à la nécessité, toujours incertain, peu aimable et pourtant désireux qu’on l’aimât. Il consulte tout le monde, suspecte les avis et ne cède qu’à la lassitude. Honteux alors de sa faiblesse, il revient en arrière, se renfrogne, boude, se dérobe, vole à la chasse ou bien se renferme dans son cabinet.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le Roi n’a qu’un homme, c’est sa femme. »1367
MIRABEAU - ou selon d’autres sources : « Le roi n’a qu’un seul homme, c’est la reine. »
Il notera surtout son manque de caractère. Faiblesse, hésitations, retournements découragent les plus fervents défenseurs de la monarchie, au début de la Révolution.
« S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche. »1217
Mot attribué à MARIE-ANTOINETTE, cité par ROUSSEAU
Reflet d’une réalité sociologique : ignorance (ou insouciance, inconscience) des privilégiés face à la misère du peuple.
« Un Grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal. »1215
BEAUMARCHAIS, Le Barbier de Séville (1775)
Humour insolent, succès immédiat : premier acte théâtral véritablement prérévolutionnaire, en attendant la suite, Le Mariage de Figaro.
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