« Ma demeure sera bientôt dans le néant ; quant à mon nom, vous le trouverez dans le panthéon de l’Histoire. »1582
(1759-1794), réponse au Tribunal révolutionnaire, 2 avril 1794
Procès historiques, Le procès de Danton, Histoire et patrimoine [en ligne], ministère de la Justice.
Le Tribunal procède à l’interrogatoire habituel de l’accusé : son nom et ses qualités. Plusieurs versions de la réponse, selon les sources : de la plus longue – « Je suis Danton, assez connu dans la Révolution ; ma demeure sera bientôt le néant, mais mon nom vivra dans le Panthéon de l’histoire » – à la plus courte, la plus fréquemment citée : « Ma demeure ? Demain, dans le néant. » Danton a toujours le sens de l’impro – quoique cette réplique ait pu être préparée. Depuis quelques mois, le grand premier rôle révolutionnaire est passé au rang de suspect, puis d’accusé.
« Que la France soit libre et que mon nom soit flétri ! »1491
DANTON (1759-1794), Convention, 10 mars 1793
Montagnard, il a tenté un rapprochement avec les Girondins, mais les deux partis le suspectent. À la tribune, le voilà excédé par les contradicteurs et les soupçons.
Les Girondins l’accusent de concussion. Danton est trop riche pour être honnête et incapable de montrer les comptes des fonds secrets, alors qu’il est ministre de la Justice et que Roland, ministre de l’Intérieur, les lui réclame avec insistance. Des députés montagnards, dont Robespierre, lui reprochent de couvrir les manœuvres de Dumouriez en Belgique. Envoyé en mission, Danton ne le dénonça que lorsque la trahison fut prouvée.
Il a aussi des problèmes familiaux, une lassitude de la politique, une envie d’être heureux ailleurs et autrement, ce que ne peuvent concevoir les révolutionnaires totalement engagés dans l’action. Lui qui montait à la tribune comme on monte à la charge, il est souvent absent. Ses amis, pressentant le pire, lui conseillent de quitter la France.
« Est-ce qu’on emporte la patrie à la semelle de ses souliers ? »1579
DANTON (1759-1794), à son ami Legendre qui l’exhorte à s’enfuir à l’étranger, mars 1794
Danton ne se dérobe plus : « Mieux vaut être guillotiné que guillotineur ! » Suspect d’indulgence, il va braver Robespierre. C’est le bourgeois bon vivant contre l’Incorruptible : « Qui hait les vices hait les hommes », affirme Danton, débauché notoire, par ailleurs compromis dans diverses affaires financières.
Tous deux avocats, ils ont lu les philosophes des Lumières. Ils avaient les mêmes convictions, avant que Danton ne dénonce la dérive montagnarde : pitoyable procès de Marie-Antoinette, déchristianisation forcée d’une France profondément catholique.
Robespierre accuse son rival d’être lié à de douteux personnages, tel Fabre d’Églantine, fripon notoire compromis dans l’affaire de la Compagnie des Indes (en liquidation). L’Incorruptible est trop heureux, à travers Fabre, d’attaquer l’« idole pourrie ». Autour de lui, on réclame la tête du tribun : « Nous viderons ce gros turbot farci », s’écrie le Montagnard Vadier. Averti du terrible rapport que Saint-Just prépare contre lui, Danton refuse de fuir : « Est-ce qu’on emporte la patrie à la semelle de ses souliers ? » Cette phrase condamne aussi l’attitude des émigrés. Le 30 mars, on l’arrête comme ennemi de la République. Seul Legendre tente de le défendre à la Convention.
« Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut bien la peine. »1584
DANTON (1759-1794), mot de la fin au bourreau, avant de poser sa tête sous le couperet de la guillotine, 5 avril 1794
C’est « une gueule » et il en aura joué jusqu’au bout ! Robespierre n’aura pas cette sortie de scène mémorable.
Monté à la tribune le 27 juillet, il dénonce la « horde des fripons » et rejette sur eux les excès de la Terreur. Les députés qui se sentent menacés coupent la parole à Robespierre, suffoquant sous la chaleur : « C’est le sang de Danton qui t’étouffe ! » Robespierre et ses amis seront guillotinés sans jugement, le lendemain.
Notre série de citations consacrées à Danton :
- Danton : « Il nous faut de l’audace… »
- Danton : « S’il est bon de faire des lois avec maturité… »
- Danton : « Que la pique du peuple brise le sceptre des rois ! »
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