Histoire de… changer d’époque, de style et de tête d’affiche ! Après la star Napoléon, voici un autre personnage au charisme égal (et plus consensuel). Sa célébrité est bien méritée.
Et le 12 septembre est jour de son anniversaire. François Ier incarne « le beau XVIe siècle ». C’est le plus séducteur et séduisant de nos rois, idéalement associé à la Renaissance - belle époque, période heureuse pour la France.
« Car tel est notre plaisir. »437
(1494-1547)
L’Art de vérifier les dates (1818), David Bailie Warden.
Formule prise à Louis XI, dernier grand roi du Moyen Âge, reprise par Louis XIV sous la monarchie absolue. Mais attention au contresens ! Ce « plaisir » ne renvoie pas à une forme d’arbitraire royal ni de caprice du souverain. Il exprime la volonté, la détermination d’un homme d’État.
Après sept jours de règne, la volonté de pouvoir du jeune roi est claire. Sa mère Louise de Savoie l’appelle mon « César triomphant » et les Italiens « Sa Majesté » (à l’égal de l’empereur). En 32 années de règne, il ne convoquera jamais les États généraux. Il tancera plusieurs fois le Parlement de Paris osant s’opposer à lui : « Je ne souffrirai pas qu’il y ait plus qu’un roi de France » (1516), « Si la Cour y fait faute, je l’en ferai repentir » (1518).
Fort brillante, avec ses artistes, poètes, nobles venus de leurs terres provinciales, étrangers accourus (souvent d’Italie) et belles dames fastueuses, la cour devient un instrument du règne de ce personnage séduisant et léger, aussi brave au milieu des soldats que galant avec les femmes.
« Souvent femme varie
Bien fol est qui s’y fie. »446François Ier (1494-1547)
Vie des Dames galantes, extraites des Mémoires de Brantôme
Brantôme, abbé laïc et chroniqueur du XVIe siècle, donne à voir le Roi chevalier écrivant ces mots, sur le côté d’une fenêtre au château de Chambord.
Le beau François délaisse son épouse Claude de France, boiteuse et laide, mais très populaire, lui faisant quand même deux fils.
Il multipliera les aventures : « Les femmes, la guerre – la guerre pour plaire aux femmes. Il procède d’elles entièrement. Les femmes le firent tout ce qu’il fut, et le défirent aussi. » (Michelet, Histoire de France) Rappelons l’importance de sa mère Louise de Savoie et de sa sœur Marguerite d’Angoulême, de quelques favorites influentes comme la duchesse d’Étampes, et les multiples maîtresses qui lui donnèrent la vérole – le fameux « abcès » dont il mourra.
« Il est jeune et à la fleur de l’âge, libéral, magnanime, expérimenté et habile à la guerre. Il a bonne paix avec tous ses voisins, en sorte qu’il pourra employer au service de Dieu et de la foi sa personne et tout son avoir, sans que nul le détourne et que rien l’empêche. »445
François Ier (1494-1547), autoportrait et déclaration de candidature, 1519
Âgé de 25 ans, le roi brigue en Europe la couronne impériale à la mort de Maximilien (12 janvier 1519). L’adversaire est de taille : Charles, prince bourguignon (arrière-petit-fils de Charles le Téméraire), devenu prince des Pays-Bas, puis roi d’Espagne, roi de Sicile, héritant par sa mère des possessions espagnoles d’Amérique latine (mines d’or et d’argent inépuisables) et par son père des terres héréditaires des Habsbourg ! Charles l’emporte naturellement dans cette compétition, par ailleurs « truquée ». Empereur du Saint Empire romain germanique, il sera Charles Quint pour l’histoire.
Et l’histoire de France en est changée. Le nouvel ennemi héréditaire n’est plus l’Anglais, mais le Habsbourg, trop puissant, rêvant de dominer toute l’Italie, voulant récupérer la Bourgogne de ses ancêtres, « tyranniquement et indûment détenue et occupée par le roi de France ». Face à Charles Quint, nos guerres vont devenir plus défensives qu’offensives.
Notre portrait de François Ier en citations :
- François Ier : « Je suis délibéré de vivre et mourir avec vous. »
- François Ier : « Tout est perdu, fors l’honneur. »
- Rabelais : « Les nerfs des batailles sont les pécunes. »
- François Ier : « Le soleil chauffe pour moi comme pour les autres… »
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