Roi bon vivant et deux fois mal marié, il aime (trop) les femmes qui interfèrent souvent dans sa politique, et collectionne allègrement les bâtards.
« Je me passerais mieux de dix maîtresses comme vous, que d’un serviteur comme lui. »647
(1553-1610), à Gabrielle d’Estrées, 1599
Dictionnaire historique, critique et bibliographique (1822), Louis Maïeul Chaudon.
Sa belle maîtresse vient de se plaindre de Sully qu’elle appelle un « valet ». Maximilien de Béthune, baron de Rosny, duc de Sully (bientôt premier au Conseil et pair de France), vieux compagnons de route du roi, s’acquitte de ses tâches avec autant de loyauté que d’efficacité.
Mais Gabrielle d’Estrées est la plus aimée des femmes, enceinte de six mois. Henri IV projetait de l’épouser, après annulation en cour de Rome de son mariage avec Margot (Marguerite de Valois). Sa mort brutale (empoisonnement ou apoplexie ?) laisse le roi désespéré : « La racine de mon cœur est morte et ne rejettera [repoussera] plus. » Trois mois après, il tombe fou de la nouvelle favorite.
« Hâtez-vous de me faire ce fils, de sorte que je puisse vous faire une fille. »651
HENRI IV (1553-1610), Lettre à Henriette d’Entragues, marquise de Verneuil, 1601
Il lui écrit une promesse de mariage fort bien libellée, car il va se séparer de sa reine Margot, toujours sans enfant. Ce que roi veut… Henriette accouche de ce fils et, deux ans après, d’une fille. Entre-temps et pour raison d’État, le roi a épousé Marie de Médicis, fille d’une grande famille patricienne de Florence.
Vraie ou fausse, la réputation du Vert Galant vaut déjà de son vivant : « Vive Henri IV / Vive ce roi vaillant ! / Ce diable à quatre / A le triple talent / De boire et de se battre / Et d’être un Vert Galant ! » Vive Henri IV, chanson anonyme. Au fil des siècles, on ajoute des couplets, à mesure qu’Henri IV devient l’un des mythes de l’histoire.
Est-il si bon amant sur le terrain ? Tallemant des Réaux en doute, dans ses Historiettes : « Capitaine Bon Vouloir, il n’est pas grand abatteur de bois. » Seule certitude : le nombre de ses bâtards et de ses conquêtes - avec plus de 70, il bat Louis XIV et Louis XV, morts plus âgés. La médiatisation des amours royales est digne de la « presse people ». On applaudit, on critique aussi, quand de belles intrigantes se mêlent un peu trop de sa politique.
« Je ne trouve ni agréable compagnie, ni réjouissance, ni satisfaction chez ma femme […] faisant une mine si froide et si dédaigneuse lorsqu’arrivant du dehors, je viens pour la baiser, caresser et rire avec elle, que je suis contraint de dépit de la quitter là et de m’en aller chercher quelque récréation ailleurs. »653
HENRI IV (1553-1610), Lettre à Sully
Lettres intimes de Henri IV (1876), Louis Dussieux
Marie de Médicis n’a pas le tempérament de la reine Margot ! Ce mariage florentin obéit à la raison d’État – belle-famille très riche et très catholique, cette union fut pourtant une mauvaise affaire pour la France.
Les rois ne se mariaient jamais par amour, pour cela, ils avaient les maîtresses, Henri IV en a bien profité.
« Monsieur l’Ambassadeur, avez-vous des enfants ? »658
HENRI IV (1553-1610)
Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères (1872), Victor Fournel
Dialogue banal, mais l’image frappe : l’ambassadeur d’Espagne ouvre une porte et tombe sur Sa Majesté à quatre pattes, portant son fils (le Dauphin) sur son dos. « M. l’Ambassadeur, avez-vous des enfants ? — Oui, Sire. — En ce cas, je peux achever le tour de la chambre. » Voilà bien le personnage du bon roi, père de famille.
Le non-formalisme de la cour est typique de ce règne. On imagine mal Henri III dans cette situation, non plus que Louis XIII ou Louis XIV ! Tout aussi remarquable, la présence des enfants à la cour. D’habitude, on les cache, ou on les déguise en petits adultes.
Outre ses nombreux bâtards, Henri IV eut six enfants en dix ans de mariage, dont le Dauphin, futur Louis XIII, et Gaston d’Orléans, frère redoutablement comploteur.
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