Henri IV et Marie de Médicis : duel plus que duo. C’est l’un des pires mariages royaux de France.
Marie, 25 ans, prétentieuse et sotte, est vite agressive. Le roi, de 22 ans son aîné, ira prendre son plaisir auprès d’autres femmes de plus en plus jeunes.
« Vous faites tout ce que je veux ; c’est le vrai moyen de me gouverner : aussi ne veux-je jamais être gouverné que de vous. »652
(1553-1610), Lettre à Marie de Médicis, 27 janvier 1601
Henri IV écrivain (1855), Eugène Yung.
Marie de Médicis, sitôt épousée (par procuration, 5 octobre 1600), lui fait le fils qui doit lui succéder : le dauphin Louis (futur Louis XIII) naît à Fontainebleau, 27 septembre 1601. Il n’hérite pas de la santé du père. Mais la joie du roi et du royaume explose : on attendait un héritier depuis quarante ans ! (Pour mémoire : Henri III est mort sans enfant et Marguerite de Valois, première femme d’Henri IV - et fille de Catherine de Médicis - n’a jamais été mère, d’où annulation du mariage).
Henriette d’Entragues (maîtresse en titre après la mort prématurée de Gabrielle d’Estrées) se fâche et traite Marie de « grosse banquière » – fine allusion à la dot de la reine, 600 000 écus d’or, la plus grosse dot de l’Histoire. Elle va comploter contre le roi, déjà au lit d’autres femmes. Car la reine lui donne peu de plaisir et il a de grands besoins.
« Je ne trouve ni agréable compagnie, ni réjouissance, ni satisfaction chez ma femme […] faisant une mine si froide et si dédaigneuse lorsqu’arrivant du dehors, je viens pour la baiser, caresser et rire avec elle, que je suis contraint de dépit de la quitter là et de m’en aller chercher quelque récréation ailleurs. »653
HENRI IV (1553-1610), Lettre à Sully
Lettres intimes de Henri IV (1876), Louis Dussieux
Marie de Médicis n’a certes pas le tempérament de la reine Margot, sa première femme ! Cette reine de Navarre avait une réputation de sacrée libertine, sinon nymphomane, et dans son genre, elle n’était pas non plus un cadeau, pour Henri !
Son second mariage florentin fut un sacrifice à la raison d’État - mais les rois ne se mariaient pas par amour, pour cela, ils avaient les maîtresses. Le Trésor public est vide et la belle-famille est très riche et très catholique : deux raisons qui auraient dû faire de ce mariage une bonne affaire pour le roi de France. Il n’en est rien. Marie fera quand même six enfants à Henri, dont trois fils. Belle petite famille, bon thème de portraits.
Quant à la va vie privée du roi, quasi publique, elle justifie sa réputation de Vert Galant. Sa progéniture est à l’image de sa santé amoureuse, exceptionnelle, et il légitime souvent ses enfants nés hors mariage – le premier roi de France qui ose cela.
« Vous ne traiteriez pas ainsi vos bâtards !
— Mes bâtards peuvent être à tout moment corrigés par le Dauphin, s’ils sont méchants, mais qui corrigera le Dauphin si je ne le fais moi-même ? »656HENRI IV (1553-1610), répondant à Marie DE MÉDICIS (1575-1642)
Les Rois qui ont fait la France, Henri IV (1981), Georges Bordonove
Scènes fréquentes au château, entre les deux époux. Les murs du Louvre en tremblent ! Marie, de nature vindicative, est légitimement jalouse des maîtresses du roi, généreux et galant avec toutes ces dames, alors qu’il a peu d’égard pour la reine.
Elle lui reproche ici de frapper avec sa canne le petit Dauphin (futur Louis XIII). C’est vrai, le bon roi n’hésite pas à jouer les pères Fouettard, « sachant bien qu’il n’y a rien au monde qui lui fasse plus de profit ; car étant de son âge, j’ai été fort fouetté ». C’est une bonne raison, pour l’époque.
Selon Jean Héroard, médecin du roi, le Dauphin est un enfant gai, à l’esprit vif, sachant prendre parti avec courage et d’une grande piété. Mais il remarque sa timidité devant les filles, ce qui n’est certes pas un héritage paternel.
« Priez Dieu, Madame, que je vive longtemps, car mon fils vous maltraitera quand je n’y serai plus. »657
HENRI IV (1553-1610), à Marie de Médicis
Les Rois qui ont fait la France, Henri IV (1981), Georges Bordonove
Sait-il que sa femme n’est pas étrangère à certains complots tramés autour de lui ?
Cette phrase est en tout cas prémonitoire des relations entre la mère et le fils : une véritable guerre, au terme de laquelle Marie de Médicis perdra son pouvoir, ses amis, sa liberté, pour finir en exil. Les familles royales sont plus riches en drames que les autres, les ambitions et les enjeux de pouvoir étant sans commune mesure.
Henri IV, bon père de famille, mais mal marié à la Florentine Marie de Médicis, vit dans une atmosphère de complots perpétuels. Henri IV et Marie de Médicis, un duo-duel à revivre dans le tome 2 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
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