Cinquième République. L’Assemblée nationale refait la une de l’actu (slogan ou discours) et fait toujours l’histoire, avec quelques citations mettant en scène les députés. Cette fois, pas de mort, mais quelques coups de gueule, un peu d’humour et la vie parlementaire comme elle va…
« Vous avez juridiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaire. »3219
(né en 1942), à Jean Foyer, Assemblée nationale, 13 octobre 1981
Crises et alternances, 1974-2000 (2002), Jean Jacques Becker, Pascal Ory.
Foyer, grand juriste, vient simplement d’affirmer : « La seule nécessité qui exige la nationalisation est que celle-ci soit inscrite dans le Programme commun. » La « petite phrase » de Laignel, restée célèbre, a fâcheusement poursuivi son auteur.
Il faut la replacer dans son contexte. La gauche vient d’arriver au pouvoir avec Mitterrand, en mai 1981. Le débat fait rage entre la majorité et l’opposition. La droite soutient que les nationalisations sont inconstitutionnelles et Foyer défend l’exception d’irrecevabilité. D’où la réplique de Laignel : « Les nationalisations sont-elles conformes à l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme ? M. Foyer répond par la négative. C’est sa responsabilité. Mais, à ce moment précis, son raisonnement bascule du juridique au politique. De ce fait, il a juridiquement tort, car il est politiquement minoritaire. »
Apprécions la différence, en rappelant que la science juridique est aussi subtile que complexe.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Ça va se terminer mal, par un coup de poing sur la gueule. C’est comme ça qu’on traite ce genre d’affaire dans les cours de récréation. »3220
Jacques TOUBON, Assemblée nationale, octobre 1981
Nationalisations toujours en cause. Député de droite et licencié en droit, il déplore la manière dont le débat dégénère, quand Laignel se réjouit de vivre la lutte des classes au Palais-Bourbon : suspensions de séance, rappels au règlement, demandes de sanctions, attaques personnelles…
Quand l’assemblée nationale devient un théâtre bourgeois, tous les théâtres bourgeois doivent devenir des assemblées nationales.3053
Slogan, soir du 15 mai 1968 à l’Odéon-Théâtre de France
Mai 68. Prise de l’Odéon, coup de génie médiatique, mais contresens culturel : rien de moins bourgeois que ce théâtre qui joue Beckett, Ionesco, Jean Genêt. L’histoire finit mal pour les Renaud-Barrault, directeurs désavoués par Malraux ministre de la Culture, cependant que le théâtre ravagé restera longtemps fermé pour travaux.
« Je ne me retirerai pas […] Je ne changerai pas le Premier ministre, dont la valeur, la solidité, la capacité méritent l’hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du gouvernement. Je dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale. »3074
De GAULLE, Discours radiodiffusé, jeudi 30 mai 1968, 16 h 30
Le transistor est le « cordon ombilical qui relie la France à sa révolution » (Danielle Heymann). Le président ajoute que « partout et tout de suite, il faut que s’organise l’action civique ». Dont acte. Les « élections de la trouille » donneront la majorité absolue au gouvernement.
« Mes chers compatriotes, après consultation du Premier ministre, du président du Sénat et du président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. »3341
CHIRAC, Allocution télévisée en direct de l’Élysée, 21 avril 1997
Nul ne peut expliquer cette erreur tactique. C’est jouer à quitte ou double. La manœuvre échoue. Les législatives anticipées (d’un an) donnent le pouvoir à l’opposition, en juin. D’où la troisième cohabitation. Les Français adorent ce spectacle parlementaire.
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