« On ne connaît pas la toute-puissance de ma laideur. Quand je secoue ma terrible hure, il n’y a personne qui osât m’interrompre. »1291
(1749-1791)
Mirabeau (1891), Edmond Rousse.
Ce physique impressionne tous les contemporains. Il en joue, il trouve belle cette laideur, avec ses traits marqués, criblés de petite vérole. Il soigne sa toilette, porte une énorme chevelure artistement arrangée, qui grossit encore le volume de sa tête. Il se place volontiers face au miroir, se regarde parler, équarrit ses épaules. Il cultive son personnage. La puissance du verbe et la solidité de la pensée servent également le tribun.
Le père de Mirabeau, marquis connu, économiste et philosophe surnommé « l’ami des hommes », déteste son fils et écrit à son frère : « Ton neveu est laid comme celui de Satan. » C’est aussi un « mauvais sujet », qu’il force à entrer dans l’armée à 18 ans, puis il multiplie procès et lettres de cachet pour le faire enfermer, exiler. Rien n’y fait.
« La nature semblait avoir moulé sa tête pour l’Empire ou pour le gibet, taillé ses bras pour étreindre une nation ou pour enlever une femme. »1292
François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)
Mirabeau connut la gloire et évita le gibet de peu – il mourra dans son lit, épuisé par une vie d’excès. Il souleva le peuple par ses talents d’orateur et multiplia les conquêtes féminines.
« Voyez ce Mirabeau qui a tant marqué dans la Révolution : au fond, c’était le roi de la halle. »1293
Joseph de MAISTRE (1753-1821), Considérations sur la France (1797)
Le comte de Mirabeau, rejeté de son ordre (la noblesse), élu député par le tiers état d’Aix aux États généraux, mêle plus que quiconque les attributs de la naissance et de la bohème. Selon l’historien François Furet : « Du rejeton le plus méprisé de l’ancienne noblesse, la Révolution a fait le personnage le plus brillant de l’Assemblée constituante. » Surnommé la Torche de Provence pour son art d’enflammer une assemblée, Mirabeau sera la première grande voix révolutionnaire, en même temps qu’un improvisateur hors pair (comme Danton).
« Mirabeau (le comte de). – Ce grand homme a senti de bonne heure que la moindre vertu pouvait l’arrêter sur le chemin de la gloire, et jusqu’à ce jour, il ne s’en est permis aucune. »1294
RIVAROL (1753-1801), Petit Dictionnaire des grands hommes de la Révolution (1790)
Même source et dans le même esprit : « Mirabeau est capable de tout pour de l’argent, même d’une bonne action. »
Avant la Révolution, intelligent, passionné, acquis à la philosophie des Lumières et partisan d’une monarchie constitutionnelle, il piaffe d’impatience. Il veut vivre de sa plume qu’il monnaie en multipliant pamphlets et libelles contre l’absolutisme royal, les privilèges et les abus. Il vendra ensuite ses services - très cher - au roi et à la reine, et sera accusé de trahison par certains députés.
Mirabeau en citations :
- Mirabeau : « …nous sommes ici par la volonté du peuple… »
- « …nous sommes ici par la volonté du peuple… »
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