Paris vaut bien deux séries de trois jours. Ville capitale, toujours sous les feux de l’actu. Siège de la cour, sous l’Ancien Régime.
« Oh ! Paris, tu prends les âmes à la glu ! »137
(1115-1183), 1164
La Revue de Paris, volume III (1896), Marc Le Goupils.
Dès la fin du XIe siècle, les rois de France font de Paris l’un des plus prestigieux centres intellectuels de l’Europe. « Heureuse cité [Paris] où les étudiants sont en si grand nombre que leur multitude vient presque à dépasser celle des habitants ! » (Philippe de Bonne-Espérance, abbé théologien du XIIe s.) À la faculté des Arts, entre place Maubert et rue du Fouarre, viendront étudier et enseigner les plus grands penseurs des XIIe et XIIIe siècles.
Pierre de la Celle a lui-même étudié sur la montagne Sainte-Geneviève. Devenu moine au cloître de Cluny, il renonce à une école de Paris trop « mondaine ». Futur évêque de Chartres, il dénonce ce lieu de tentations à fuir : « Oh ! Paris, comme tu es fait pour séduire les esprits et les décevoir. C’est chez toi que résident les réseaux du vice et les chausse-trappes du Malin ; c’est chez toi que la flèche de l’enfer traverse les cœurs des insensés… »
« Que dit-on à la cour, que fait-on à Paris ?
Quels seigneurs y voit-on, et quelles damoiselles ? »400Olivier de MAGNY (vers 1529-vers1561), Les Soupirs (1557)
Poète de cour et secrétaire d’ambassadeur à Rome, il « soupire » après Paris, chanté de même par Robert Garnier dans Bradamante : « La douceur et l’amour / La richesse et l’honneur font à Paris séjour. » Jean Bertaut, autre poète de cour, dans son Cantique en forme de confession, parle de « cette ville sans pair, cet abrégé de France ».
La mode parisienne, déjà, fait prime dans le beau monde et le monde tout court, notamment chez les Anglais qui ne sont plus nos ennemis numéro un, depuis l’avènement de Charles Quint. La cour, véritable instrument de règne, est une ville de plus de 15 000 personnes, itinérante entre Val de Loire, Fontainebleau et Paris (Louvre) qui retrouve la faveur du souverain.
« Quand Paris boira le Rhin, toute la Gaule aura sa fin. »508
Jean LE BON (XVIe siècle), Le Rhin au Roy (1568)
Pamphlet signé d’un Lorrain, connu aussi comme médecin de Charles IX et des Guise (branche cadette de la maison de Lorraine, politiquement très active et ultra catholique).
Le Rhin au Roy rappelle les limites de l’ancienne Gaule et manifeste sa préférence pour une politique rhénane plutôt qu’italienne. Autrement dit, le Rhin est plus nécessaire que le Pô. On peut y voir l’une des premières expressions de la théorie des frontières naturelles de la France : Rhin, Alpes et Pyrénées forment ses limites continentales, mer du Nord et Manche (Channel), Atlantique et Méditerranée complétant l’hexagone.
Sous l’Ancien Régime, nos rois ont plus ou moins consciemment raisonné ainsi pour constituer le pays tel qu’il existe aujourd’hui, mais au XVIe siècle, le mirage italien leur a longtemps tourné la tête. Et Catherine de Médicis, l’actuelle régente, fille de Laurent II de Médicis, est née à Florence.
« Il y a moins de risques à voyager dans une forêt vierge qu’à se trouver dans les rues de Paris, surtout quand les lanternes sont éteintes. »630
Thomas PLATTER le Jeune (1574-1628)
Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache
Suisse (né à Bâle), il est en France pour ses études de médecine (à Montpellier). Il tient un journal de voyage (qui le mène en divers pays d’Europe). De passage à Paris, il témoigne de cet aspect de la capitale, à la fin XVIe siècle. Montaigne, quelques années plus tôt, quoique maire de Bordeaux et très attaché à son Sud-Ouest natal, parlait dans les Essais en amoureux de Paris : « Je l’aime tendrement jusqu’à ses verrues et à ses taches ; je ne suis Français que par cette grande cité, grande en peuples, grande en félicité de son assiette [sa situation géographique] ; mais surtout grande et incomparable en variété et diversité de commodités, la gloire de la France et l’un des plus nobles ornements du monde. »
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