Passé la Révolution, ses plus belles heures et ses pires excès, la démocratie ne s’installe pas si facilement que prévu en France. L’apprentissage est long, la route accidentée, les résistances imprévues et les conditions pas toujours réunies. Optimisme et volontarisme politiques vont pourtant de pair avec les paradoxes de l’histoire.
« La démocratie coule à pleins bords dans la France, telle que les siècles et les événements l’ont faite. »1990
(1763-1845), Chambre des députés, 22 janvier 1822
De la liberté de la presse : discours (posthume, 1949), Pierre-Paul Royer-Collard.
Ce mot est repris du comte de Serre, ministre de la Justice (depuis 1818) donnant à la presse d’opinion une liberté dont elle allait user, jusqu’à la prochaine révolution mettant fin à la Restauration. Ainsi va l’histoire, et la succession des régimes politiques au XIXe siècle.
Royer-Collard, chef du parti des Doctrinaires, constitutionnel favorable à la Charte est, avec Guizot et de Serre, hostile aux ultraroyalistes comme aux « indépendants » libéraux, bonapartistes ou républicains.
Le mot pèche quand même par excès d’optimisme, en cette période où les ultras au pouvoir tentent de réduire comme peau de chagrin la démocratie. Les masses populaires, surtout en province, se désintéressent de la vie politique dont elles sont exclues, au nom d’une loi électorale qui rétrécit de plus en plus le pays légal. Les milieux intellectuels, la petite bourgeoisie et les artisans sont eux aussi écartés par le cens, cet impôt à payer pour pouvoir voter ou être élu, et se sentent légitimement frustrés.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le propre de la démocratie est de s’incarner dans un homme. »2215
Louis-Napoléon BONAPARTE à la veille du coup d’État du 2 décembre 1851
Jour bien choisi, anniversaire d’Austerlitz, fameuse victoire de Napoléon. Il a voulu ardemment ce coup d’État, mais Louis-Napoléon en ressentira une réelle culpabilité : c’est sa « tunique de Nessus », dira l’impératrice Eugénie.
« La république, c’est l’inévitable et vous devriez l’accepter. Vous devriez prendre votre parti de l’existence dans le pays d’une démocratie invincible à qui restera certainement le dernier mot. »2442
Léon GAMBETTA, Chambre des députés, 5 août 1874
Il propose une constitution républicaine. Légitimistes et conservateurs n’en veulent pas, mais le « commis voyageur de la République » va rallier une partie de la gauche à la cause du seul régime possible à l’époque.
« Que voulez-vous, Monsieur le préfet, soixante-dix ans de démocratie, ça se paie. »2745
Charles MAURRAS, au préfet de la Vienne, juin 1940
Défaite de la France, amère victoire pour l’homme de l’Action française, persuadé que la démocratie, c’est la mort politique d’un pays ! Aussi a-t-il soutenu Mussolini, Franco. Mais pas Hitler…
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