La monarchie selon Charles X et son chef du gouvernement gagne chaque jour en impopularité. Dans le même temps, la France fait l’apprentissage de la démocratie. Une leçon politique très claire à travers notre Histoire en citations, et quelques mots d’humour en illustration.
« La Cour rend des arrêts, et non pas des services. »2001
(1768-1848), réponse au garde des Sceaux Peyronnet lui demandant d’arranger les choses, dans un procès contre la presse, janvier 1826
Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à la Révolution (1839), Louis-Pierre Anquetil.
Premier président de la Cour de Paris de 1811 à 1848, il donne une fin de non-recevoir à cette requête, alors que le gouvernement est précisément accusé d’avoir fait pression sur certains juges. Et il se prononce en faveur des deux journaux impliqués, Le Constitutionnel et Le Courrier. La Compagnie de Jésus (les Jésuites) était en cause et le roi avait fait pression en leur faveur, mais en vain.
La presse libérale est trop heureuse de répéter le mot qui a fière allure. Le magistrat niera d’ailleurs l’avoir dit, dans une lettre au garde des Sceaux, en 1828. Peut-être par crainte d’être mal noté.
Car Séguier n’a pas toujours été indépendant face au pouvoir. Il fit même preuve de servilité, mais la postérité a retenu le meilleur et le mot est souvent repris, dans les procès qui touchent à la politique. Ainsi en 1864, par le célèbre avocat Berryer, défendant le non moins célèbre Jules Ferry : « Messieurs, permettez-moi de vous rappeler un glorieux souvenir de la magistrature qui commande le respect dont nous nous efforçons toujours de l’entourer. Il y a quarante ans, dans la salle de la première chambre de la Cour de Paris, en face du premier président Séguier, on lisait cette inscription : La Cour rend des arrêts, et non pas des services. »
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Autant proposer une loi en un seul article, qui dirait : L’imprimerie est supprimée en France au profit de la Belgique. »2002
Casimir PÉRIER, à propos du projet de loi sur la police de la presse, Chambre des députés, 29 décembre 1826. Mot également attribué à Royer-Collard, autre député libéral
Le député raille amèrement le projet du ministère Villèle et quitte son banc. Peyronnet, garde des Sceaux, l’a présenté le 29 décembre comme une « loi de justice et d’amour » (selon Le Moniteur). Chateaubriand dénonce cette « loi vandale ». Ainsi, les journaux doivent être déposés cinq à dix jours avant leur diffusion ! L’édition n’est guère mieux traitée.
« Des pairs, j’en ferai tant qu’il sera honteux de l’être et honteux de ne l’être pas ! »2004
Comte de VILLÈLE, chef du gouvernement, furieux de l’opposition manifestée par la Chambre des pairs, fin avril 1827
Il a dû renoncer à sa loi sur la presse, même échec sur le rétablissement du droit d’aînesse. La Chambre introuvable l’a votée, la Chambre des pairs la rejette. L’opposition y devient systématique. Louis XVIII y a fait entrer une fournée de hauts fonctionnaires hostiles aux ultras. Pour les contrer, Villèle prémédite une nouvelle promotion, en des termes peu dignes.
« Je suis venu ici pour recevoir des hommages, non des leçons ! »2005
CHARLES X, passant en revue la garde nationale, 25 avril 1827. Mémoires d’outre-tombe (posthume), Chateaubriand
Certes ovationné, le roi perçoit quelques huées : « Vive la Charte ! À bas les ministres ! À bas les Jésuites ! » D’où sa réplique. Par ordonnance, la garde est dissoute. Mesure très mal accueillie à Paris, l’impopularité du roi grandit dans le pays. Étudiants et petits-bourgeois manifestent dans les rues, les obsèques des chefs de l’opposition libérale étant de bonnes occasions.
« C’est la leçon d’un père qui laisse toujours percer sa sollicitude à travers sa sévérité ou pour mieux dire sa prévoyance. »2007
Le Moniteur, 24 juin 1827. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
C’est en ces termes paternalistes que ce journal officiel parle du rétablissement de la censure, par ordonnance.
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