L’humour se fait grave, à la fin de l’Empire - tragédie nationale.
Mais dans les pires situations, il y a toujours une occasion de sourire, d’un mot, une chanson, un aveu.
La palme revient à l’héroïsme final d’un général qui a bien mérité de Napoléon et de la France, laissant son nom à une place de Paris et une station de métro : Daumesnil.
« Voilà le commencement de la fin. »1869
(1754-1838), à l’annonce du désastre de la retraite de Russie, décembre 1812
Monsieur de Talleyrand (1870), Charles-Augustin Sainte-Beuve.
Ministre démissionnaire, refusant de figurer au gouvernement alors que l’empereur mégalomane défie les coalitions et fait de l’Europe un champ de bataille, il a prédit le pire avant tout le monde, mais sans savoir l’ampleur de la débâcle.
Les soldats sont victimes du « Général Hiver », comme prévu par le tsar Alexandre et le maréchal Koutousov. Le froid rend fous les chevaux et colle l’acier des armes aux doigts des soldats. Le passage de la Bérézina (25 au 29 novembre) est un épisode devenu légendaire : par –20 °C le jour, –30 °C la nuit, ce qui reste de la Grande Armée réussit à franchir la rivière, grâce aux pontonniers du général Eblé et aux troupes qui couvrent le passage (Ney et Victor). 8 000 traînards n’ont pas le temps de passer, ils seront tués par les Cosaques.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Il était un p’tit homme / Qu’on appelait le grand […]
Courant à perdre haleine, / Croyant prendre Moscou, / Ce grand fou !
Mais ce grand capitaine / N’y a vu, sabergé, que du feu ! »1867La Campagne de Russie (automne 1812), chanson
Chanson diffusée sous le manteau à Paris, pendant la retraite de Russie. Le tsar accusa les Français d’avoir incendié Moscou. Sans doute ont-ils seulement pillé la ville, après l’incendie ordonné par Rostopchine, gouverneur militaire.
« Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. »1871
NAPOLÉON Ier, à son ambassadeur à Varsovie, Monseigneur de Pradt, 5 décembre 1812
Étrange discours, tenu par un homme éprouvé : « Plus je tracasse, mieux je vaux. Il n’y a que les rois fainéants qui engraissent dans les palais ; moi, c’est à cheval, et dans les camps. » Ce jour même, il apprend la conspiration qui précipite son retour à Paris.
« Ce diable de roi de Rome, on n’y pense jamais ! »1868
FROCHOT, préfet de Paris. Mémoires de Madame de Chastenay (1896)
L’enfant qu’il a tant voulu, le fils qui devait lui succéder ! Personne n’a pensé à crier : « L’empereur est mort ! Vive l’empereur ! » Cet oubli atteint Napoléon plus que la conspiration de Malet, général félon. Le préfet sera mis à pied pour cette faute.
« Chaque jour, tout banquier qui arrive à quatre heures sans malheur s’écrie : « En voilà encore un de passé ! » »1851
Général SAVARY, Bulletin (quotidien) adressé à l’Empereur, 18 janvier 1811
Déroute économique et la crise touche la bourgeoisie, classe qui profita le plus de l’Empire. De janvier à juin 1811, 60 faillites par mois. La fiscalité s’alourdit, la crise agricole et industrielle compromet les résultats des années de prospérité.
« Rendez-moi ma jambe et je vous rendrai Vincennes. »1885
Général DAUMESNIL, aux Alliés assiégeant le fort de Vincennes, début avril 1814
Volontaire sous la Révolution, baron d’Empire multipliant les actions d’éclat, « Jambe de bois » a perdu une jambe à Wagram (1809). Gouverneur du fort, il résiste aux troupes coalisées. Paris est aux mains des Alliés qui lui offrent une fortune pour sa reddition. D’où la réplique.
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