Thiers, petit père de la Troisième, homme de caractère, tête politique bien faite, personnage ridiculisé autant que respecté au fil de l’Histoire en citations… Il faut de tout pour refaire, tant bien que mal, une démocratie à la française, sous le signe d’une République destinée à durer en surmontant toutes les crises à venir.
« Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique. »2427
(1797-1877), Discours à la Chambre des députés, 24 mai 1873
Annales de l’Assemblée nationale, volume XVIII (1873), Assemblée nationale.
Contesté pour son parti pris républicain par la majorité monarchiste, redouté pour son talent oratoire et sa pugnacité, Thiers a perdu son droit de parole à l’Assemblée : le président de la République ne peut s’exprimer que par un message lu et ne donnant lieu à aucune discussion (loi de Broglie, du 13 mars). Il se conforme à ce « cérémonial chinois ».
La veille, de Broglie l’a interpellé sur la nécessité de défendre le fameux « ordre moral », des députés royalistes lui demandant de faire prévaloir une « politique résolument conservatrice ». Au matin du 24 mai, avant la séance à la Chambre, Thiers réaffirme sa position républicaine : « La monarchie est impossible : il n’y a qu’un trône, et on ne peut l’occuper à trois ! » Outre le comte de Paris et le comte de Chambord, n’oublions pas le prince impérial, fils de Napoléon III.
L’après-midi, en son absence, par 360 voix contre 334, l’Assemblée vote un blâme contre Thiers. Il offre sa démission. Il n’y est pas obligé, mais il parie qu’on le rappellera, sa position en sera renforcée. Le soir, sa lettre est lue à l’Assemblée qui procède aussitôt à l’élection du nouveau président. La gauche s’abstient et Mac-Mahon, candidat des royalistes, est élu. Thiers a joué, et perdu.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« La présidence est un enfer, je n’y retournerai pas. Et vous-même, mon cher Maréchal, n’y entrez pas. Aujourd’hui le pouvoir est un guêpier dans lequel une nature militaire telle que la vôtre perdrait patience en quarante-huit heures. »2428
Adolphe THIERS, 24 mai 1873. Cent ans de République (1970), Jacques Chastenet
En vieux routier de la politique, Thiers tente de décourager le « cher Maréchal », mais Mac-Mahon reste droit dans ses bottes, royaliste convaincu et investi de sa mission monarchique. Il sera donc président de la République.
« Je n’aimais pas ce roi des prud’hommes. N’importe ! comparé aux autres, c’est un géant. »2456
Gustave FLAUBERT, à la mort de Thiers en 1877, Correspondance (1893)
« … et puis il avait une vertu rare : le patriotisme. Personne n’a résumé comme lui la France, de là l’immense effet de sa mort. » Hommage justifié, vu la médiocrité du personnel politique sous la Troisième République.
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