La Politique est une guerre et Gambetta ne veut pas la perdre comme celle de 1870-71 - engagé corps et âme, quittant Paris assiégé en ballon, pour animer une résistance provinciale, organiser la levée en masse.
Chef incontesté des républicains et allié de Thiers (également populaire et plus modéré), ayant battu le président Mac-Mahon (monarchiste et catholique), il affronte Jules Grévy, président nouveau et vieux républicain, qui déteste autant qu’il craint son jeune confrère.
« Nos ministres ? De simples numéros d’ordre sortis au hasard de la foule représentative que nous décorons du beau nom de Parlement ! »2464
(1838-1882), Chambre des députés, 1879
La Troisième République (1968), Maurice Baumont.
Il fulmine, le 5 février, contre les députés et les ministres du nouveau gouvernement : « Dans trois mois, ils iront rejoindre dans les sous-sols de la vie publique les inconnus engendrés par le scrutin d’arrondissement. Ils végéteront jusque-là, ne disant rien, ne faisant rien, ex nihilo nihil. »
Les républicains gouvernent désormais la République et le régime qui était présidentiel (avec Mac-Mahon) est devenu parlementaire. Grévy est préféré à Gambetta, qui ne se portait d’ailleurs pas candidat, se jugeant trop jeune, non sans raison. Ce septuagénaire, très « bourgeois moyen », rassure l’Assemblée nationale (Sénat et Chambre des députés, réunis pour élire le président - oui, jusqu’en 1965). Le lendemain, Gambetta est logiquement élu président de la Chambre des députés.
Avec Grévy à la présidence commence le système des crises ministérielles qui va caractériser, paralyser, empoisonner le régime de la Troisième. « République des camarades », voire des copains et des coquins, Gambetta peut en juger très vite. Fond et forme, cette fois, c’est déjà du Clemenceau !
« Gambetta […] ce n’est pas du français, c’est du cheval ! »2465
Jules GRÉVY (1807-1891). Le rigide Grévy se moque de Gambetta qui parle, passionnément, précipitamment, impressionnant à la tribune. Il l’écartera vite du pouvoir, de peur qu’il fasse peur au pays, surtout aux ruraux.
« Néron, Dioclétien, Attila, préfigurateur de l’antéchrist ! »2466
Les catholiques insultent Jules Ferry et sa réforme de l’enseignement public primaire (laïc, gratuit et obligatoire). Gambetta défend son ami Ferry et tape si fort du poing sur la table qu’il perd son œil de verre. Le cléricalisme est de retour et Gambetta mourra bien avant le triomphe de la République laïque (séparation des Églises et de l’État, en 1905).
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