Réforme. Nouveau mot de l’indexation réformée, elle revient dans l’actualité avec des variantes sémantiques déjà présentes dans L’Histoire en citations - changement, transformation, nouveauté. Et des vérités bonnes à rappeler, liées à des événements qui font date. L’ordre chronologique s’impose. Résumons l’Ancien Régime en un jour et trois citations.
« La légèreté ordinaire des Français leur fait désirer le changement à cause de l’ennui qu’ils ont des choses présentes. »584
« Maximes d’État du cardinal de Richelieu », Guy Thullier, La Revue administrative, n° 53 (1956).
Cette « légèreté » va revenir comme un leitmotiv et un sujet d’étonnement, d’irritation, de reproche dans l’esprit de l’homme rouge dont la légèreté n’est assurément ni un défaut, ni une qualité ! Louis XIII lui-même s’en fait l’écho. Ce trait de caractère est cause qu’on ne gouverne pas si aisément ce pays frondeur, ni en paix, ni en guerre. Pas plus son peuple que ses nobles ni ses bourgeois, ses auteurs, ses chansonniers ni ses penseurs.
De manière générale, le changement n’est pas bien vu sous la monarchie absolue et l’Ancien Régime mourra de n’avoir pas su se réformer. Richelieu a par ailleurs d’autres priorités : renforcer l’unité du pays et le pouvoir de l’État contre les protestants, les Grands, les Parlements et quelques autres rebelles, traquer les comploteurs et se défendre contre les puissants Habsbourg d’Autriche et d’Espagne.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Qu’un peuple est heureux, lorsqu’il n’y a rien de fait chez lui ! Les mauvaises et surtout les vieilles institutions sont un obstacle presque invincible aux bonnes. »1065
DIDEROT, Entretiens avec Catherine II
C’est déjà en germe la philosophie de la table rase. Il est vrai qu’en France, la lourdeur des institutions et l’enracinement des privilèges sont tels que toutes les réformes entreprises durant le siècle des Lumières se heurtent à des murs et qu’une révolution devient inévitable.
« Il est impossible d’imposer plus, ruineux d’emprunter toujours ; non suffisant de se borner aux réformes économiques. »1244
CALONNE, Plan d’amélioration des finances, Mémoire, 20 août 1786
L’Enchanteur a commencé par rassurer les prêteurs. Il a multiplié les projets industriels, financé les fêtes à Versailles, les spectacles à l’Opéra de Paris, dopé le commerce en diminuant les taxes. Mais l’emprunt coûte de plus en plus cher, les recettes n’augmentent pas comme espéré, l’inflation encourage la spéculation, les faillites se multiplient, l’état de grâce est fini. Calonne a compris : « Il est indispensable de reprendre en sous-œuvre l’édifice entier pour en prévenir la ruine. » Mais il est bien tard.
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