« Et Dieu, dans tout ça, mon cher Voltaire ? » Contrairement à ce que l’on croit souvent, Voltaire n’est pas du tout athée ! On va le prouver sans équivoque.
La seule chose qu’il déteste dans la religion, ce sont ses conséquences, le fanatisme, l’intolérance. Au XVIIIe siècle comme au XXIe, même problème, même combat.
« Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. »1024
(1694-1778), Épîtres
Ce n’est pas qu’une boutade. Comme souvent chez Voltaire, l’humour fait passer une pensée essentielle, voire existentielle.
Déiste fervent, il s’oppose aux encyclopédistes athées (Diderot, d’Holbach). Il croit à « l’éternel géomètre », « l’architecte du monde » : « L’univers m’embarrasse et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger. » Il trouve par ailleurs une grande utilité à Dieu qui fonde la morale.
« Dieu ? Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas. »1129
VOLTAIRE (1694-1778), à un ami s’étonnant de le voir se découvrir devant le Saint-Sacrement à une procession en 1750, Correspondance (posthume)
Déiste, et non athée, le philosophe trouve la religion nécessaire, pour donner des règles de bonne conduite au peuple : « Je veux que mon procureur, mon tailleur, mes valets croient en Dieu ; et je m’imagine que j’en serai moins volé. » Il n’est pas le seul bourgeois à le penser.
Mais Voltaire s’en prend nul autre au XVIIIe siècle à la religion qui crée l’intolérance, et au catholicisme en France, qui bénéficie de l’appui du pouvoir civil et fausse la justice – voir l’Affaire Calas et quelques autres erreurs judiciaires célèbres. Voltaire prit ces affaires tellement à cœur qu’il devient véritablement notre premier « intellectuel engagé » !
« S’il n’y avait en Angleterre qu’une religion, le despotisme serait à craindre ; s’il y en avait deux, elles se couperaient la gorge ; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses. »1025
VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734)
L’auteur admire le régime anglais, qu’il eut tout loisir d’étudier, en trois ans d’exil (heureux). Il expose les leçons que la France peut en tirer en maints domaines (religion, économie, politique).
Le modèle anglais est vanté par les philosophes des Lumières pour toutes les libertés qu’il donne aux citoyens et dont les Français de l’Ancien Régime sont encore privés ! Cela va à l’encontre de l’anglophobie de la France, due essentiellement à la « seconde Guerre de Cent Ans » : de 1688 à 1815, soit en cent vingt-sept ans, notre pays soutient contre l’Angleterre sept grandes guerres, qui durent en tout soixante ans. Il faut attendre l’Entente cordiale, sous la Monarchie de Juillet (en 1843), pour que les relations franco-anglaises s’apaisent.
« Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition. »1229
VOLTAIRE (1694-1778), profession de foi manuscrite, 18 février 1778. « Mot de la fin » écrit
Ses derniers mots, écrits de sa plume et soigneusement pesés, sont pour la tolérance, le combat de sa vie. Il meurt le 30 mai 1778, croulant sous les honneurs.
Le patriarche de Ferney, de retour à Paris à 84 ans, a été reçu comme un roi, fêté à l’Académie, statufié à la Comédie-Française (avec son buste sur la scène) et ovationné pour sa dernière tragédie, Irène (aujourd’hui injouable comme tout son théâtre). Sensible aux honneurs, certes, mais pas dupe : « Quelle foule pour vous acclamer ! _ Hélas, elle serait aussi nombreuse pour assister à mon supplice. » 30 mars 1778. Cité par André Maurois dans son Voltaire (1935).
Ses cendres seront transférées au Panthéon sous la Révolution - seul philosophe à avoir cet honneur avec Rousseau, son intime ennemi.
Notre portrait de Voltaire en citations :
- Lamartine : « Voltaire, quel que soit le nom dont on le nomme… »
- Voltaire : « Voici le temps de l’aimable Régence, Temps fortuné marqué par la licence. »
- Voltaire : toutes les citations sont à retrouver dans notre indexation
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