Siècle des Lumières. Règne personnel de Louis XV.
Personnage de Louis XV
Louis XV est très diversement jugé par les historiens : sans doute fait-il imparfaitement son difficile métier de roi et manque-t-il d’autorité, vivant trop retranché au milieu de sa cour, souffrant d’une mélancolie naturelle maladive, redoutant la mort au point de devenir la proie de son clergé, menant une politique incertaine face à une révolte parlementaire plus ou moins orchestrée par les philosophes – tout cela allait plus ou moins fatalement aboutir à la Révolution.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Il avait tout ce qu’il fallait pour faire le plus grand roi du monde. Il ne lui aurait fallu que la moitié de la gasconnade d’Henri IV et du grand caractère de Louis XIV. »1112
(1718-1784), Journal inédit : Mémoires (posthume)
Maréchal de France et gouverneur de Picardie, très proche du roi et naturellement courtisan, le duc reconnaît cependant des manques essentiels dans la personnalité de Louis XV. Il manquera surtout au roi un Richelieu, vu ses points communs avec Louis XIII : mêmes doutes, scrupules excessifs, volonté secrète, méfiance et timidité (…)
« Voyant plus juste que les autres, il croyait toujours avoir tort. »1113
Duc de CROŸ (1718-1784), Journal inédit : Mémoires (posthume)
(…) Le duc de Luynes, autre proche de Louis XV, confirme : « On voit quelquefois qu’il a envie de parler, la timidité le retient, et les expressions semblent se refuser. »
« Je n’aime pas défaire ce que mes pères ont fait. »1114
LOUIS XV (1710-1774), Lettre à Mme de Brionne (1770). Louis XV (1980), Pierre Gaxotte
Au nom de cette fidélité, il se soumettra toute sa vie à un cérémonial de cour qui lui pèse (…) Ce respect de la tradition vaut en d’autres circonstances. Au début de son règne, il écrit à Noailles : « Le feu roi mon bisaïeul, que je veux imiter autant qu’il me sera possible… » Mais Louis XV n’est pas Louis XIV et la France du siècle des Lumières n’est plus du tout prête à accepter une monarchie aussi absolue (…)
« Si les rois connaissaient tout ce que Dieu demande d’eux, ils trembleraient tous les jours. »1115
Une des leçons apprises par l’enfant. La Revue universelle (1932), Jacques Bainville
Louis XV retint la leçon au-delà du raisonnable. Animé d’une foi très vive, il confond ce que Dieu attend du Roi Très Chrétien et de l’homme : l’homme péchant sans cesse, le roi se tient éloigné des sacrements pour ne pas donner à la cour le spectacle d’une communion scandaleuse. Il vit dans la peur perpétuelle de l’enfer (…) et sera souvent esclave de son clergé : les dévots arrachent au roi faveurs et mesures politiques, en expiation des péchés de l’homme.
« J’entends toujours demander si les chiens et les chevaux sont las et jamais les hommes. »1116
LANSMATE (XVIIIe siècle), premier piqueur du roi. Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI et sur la Révolution (1886), comte Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Robert Saint John de Crèvecœur
À l’occasion d’une chasse qui a épuisé bêtes et gens, Lansmate déplore l’insolente santé de Louis XV, jointe à un certain égoïsme. L’enfant chétif et plusieurs fois mourant est devenu un sportif infatigable, avant tout grand et bon chasseur, par tous les temps. Les voyages, les cérémonies, les amours, la guerre même où il se montre fier soldat, rien ne semble pouvoir le fatiguer (…)
« Le Roi l’avait fait venir pour se distraire, les sciences étant, en pareil cas, avec la piété, la seule distraction des belles âmes, mais les futiles courtisans tournaient cela en ridicule. »1117
Duc de CROŸ (1718-1784), Journal inédit : Mémoires (posthume)
Le duc parle de Cassini, astronome français d’origine italienne, agréablement surpris de l’intérêt porté par Louis XV aux observations, aux machines nouvelles ; mais plus encore bouleversé par la « douleur noire » du roi, qui doit faire un immense effort sur lui-même pour ne pas sombrer dans la pire mélancolie (…)
« On se sentait forcé de l’aimer dans l’instant. »1118
CASANOVA (1725-1798), de passage en France, 1750, Histoire de ma vie (posthume)
L’aventurier et mémorialiste italien (d’expression française) confirme cette impression de prestance et de grâce que Louis XV donne à quiconque l’approche : « La tête de Louis XV était belle à ravir et plantée sur son cou l’on ne pouvait pas mieux. Jamais peintre très habile ne put dessiner le coup de tête de ce monarque lorsqu’il se retournait pour regarder quelqu’un. »
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