Marie-Antoinette et les Français : tout a commencé si bien, tout s’est terminé si mal !
En passant par tous les extrêmes, situations et sentiments. Cela s’appelle un destin. En quelques années, une femme futile et sujet de gazette mondaine devient une héroïne de l’Histoire.
« Ne parlez point allemand, Monsieur ; à dater de ce jour, je n’entends plus d’autre langue que le français. »1186
(1755-1793), à M. d’Antigny, chef de la Cité (Strasbourg), 7 mai 1770
Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert.
Il lui adressait la bienvenue en allemand. La jeune « princesse accomplie » (14 ans) va à la rencontre de son fiancé le dauphin Louis (futur Louis XVI) et de toute la cour qui l’attend à Compiègne. Elle a déjà dû, selon l’étiquette de la cour, se dépouiller de tout ce qui pouvait la rattacher à son ancienne patrie, pour s’habiller à la mode française.
Mariage négocié par raison d’État : pour réconcilier les Bourbons et les Habsbourg. L’alliance autrichienne renforce la position de la France en Europe, en cas de guerre avec l’Angleterre ou la Prusse.
« Madame, vous avez là deux cent mille amoureux. »1192
Duc de BRISSAC (1734-1792), gouverneur de Paris, à Marie-Antoinette, 8 juin 1773
Le vieux courtisan lui montre la foule immense venue l’acclamer pour son entrée solennelle à Paris. La Dauphine de France découvre le peuple se pressant dans les jardins de Versailles pour l’entrevoir. Cet excès de popularité a retardé de trois ans son entrée dans la capitale – elle s’est mariée à 14 ans avec le Dauphin le 16 mai 1770, à Versailles.
Elle écrira à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche : « Je ne puis vous dire, ma chère maman, les transports de joie, d’affection, qu’on nous a témoignés. Avant de nous retirer, nous avons salué avec la main le peuple, ce qui a fait grand plaisir. Qu’on est heureux dans notre état de gagner l’amitié d’un peuple à si bon marché ! Il n’y a pourtant rien de si précieux. Je l’ai senti et je ne l’oublierai jamais. »
« Belle, l’œil doit l’admirer, / Reine, l’Europe la révère,
Mais le Français doit l’adorer, / Elle est sa reine, elle est sa mère. »1207Romance en l’honneur de Marie-Antoinette, chanson (1774)
La jeune et jolie reine jouit d’une immense popularité depuis son arrivée en France, il y a quatre ans, et Versailles la salue en ce style précieux. C’est l’état de grâce, comme jamais avant et jamais après. Certes, il y a des jalousies et déjà quelques soupçons contre l’« Autrichienne » à la cour. On aura plus tard la preuve qu’elle est manipulée par sa famille, restant très attachée à sa mère, Marie-Thérèse, impératrice d’Autriche durant trente ans, et forte personnalité.
Délaissée par son royal époux, peu soucieuse de l’étiquette à la cour et moins encore des finances de l’État, dépensière et futile, Marie-Antoinette va accumuler les erreurs. « Ma fille court à grands pas vers sa ruine », confie sa mère à l’ambassadeur de France à Vienne, en 1775. Pour l’heure, et pour trois ans encore, le peuple adore sa reine.
« Plus scélérate qu’Agrippine / Dont les crimes sont inouïs,
Plus lubrique que Messaline, / Plus barbare que Médicis. »1242Pamphlet contre la reine. Vers 1785
Dauphine jadis adorée, la reine est devenue terriblement impopulaire en dix ans, pour sa légèreté de mœurs, mais aussi pour ses intrigues et son ascendant sur un roi faible jusqu’à la soumission. L’affaire du Collier va renforcer ce sentiment, alors qu’elle est innocente dans cette histoire ! (Voir l’indexation, au mot affaires).
Après le Régent, les maîtresses de Louis XV et le clergé, Marie-Antoinette devient la cible privilégiée des « basses Lumières » : quelque 3 000 pamphlets la visant relèvent, selon la plupart des historiens, de l’assassinat politique.
« La Reine […] a été trompée, elle promet qu’elle ne le sera plus […] elle promet d’être attachée au peuple comme Jésus-Christ à son Église. »1353
LA FAYETTE (1757-1834), à la foule, Versailles, 6 octobre 1789
Il s’adresse à la foule qui a forcé les grilles et envahi le château de Versailles, massacré deux gardes du corps. La Fayette, commandant de la garde nationale, n’a pu empêcher l’émeute, mais il calme le jeu, apparaissant au balcon avec le roi, la reine (en larmes) et le dauphin dans ses bras : signe de réconciliation symbolique entre Louis XVI et son peuple. La Fayette, auréolé de son aventure américaine, se rêve le Washington d’une démocratie royale et sauve sans doute la vie à la famille du roi, ce matin du 6 octobre.
« Je ne serai jamais la dénonciatrice de mes sujets : j’ai tout vu, tout su, tout oublié ! »1359
MARIE-ANTOINETTE (1755-1793)
Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert
Telle est l’attitude, très digne, de la reine, alors qu’on tente de faire la lumière sur les désordres, au cours des deux journées d’octobre 1789. Une procédure est instruite contre les fauteurs de l’insurrection par le Châtelet (tribunal de justice et également prison). Elle inculpe le duc d’Orléans (cousin du roi, premier prince du sang aux ambitions royales, futur Philippe Égalité) et son secrétaire Choderlos de Laclos (qui a envoyé sa maîtresse dans le cortège des femmes marchant sur Versailles). Les deux hommes s’enfuient à Londres et ne reviendront en France que lors de la Fédération, en juillet 1790. Mirabeau, très lié avec la « faction Orléans », a certainement joué un rôle dans ces événements.
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