Louis XVI découvre trop tard le sens des « Lumières », la nouvelle philosophie et la force des idées. Trop tard aussi pour faire acte d’autorité. La course à l’abîme commence.
À feuilleter pour tout savoir.
« Prenons-y garde, nous aurons peut-être un jour à nous reprocher un peu trop d’indulgence pour les philosophes et pour leurs opinions […] La philosophie trop audacieuse du siècle a une arrière-pensée. »1246
(1754-1793), Lettre à M. de Malesherbes, 13 décembre 1786
Correspondance politique et confidentielle inédite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu’à sa mort (posthume, 1803).
Malesherbes a voulu la presse plus libre, aidé les philosophes à répandre leurs idées, permis à l’Encyclopédie de paraître, malgré le Parlement hostile. Plusieurs fois disgracié, il revient au Conseil du roi en 1787, et sera l’un de ses avocats en 1792. Louis XVI manifeste ici une prise de conscience tardive d’un siècle de Lumières déjà répandues dans une opinion publique toujours plus avide de réformes.
« C’est légal parce que je le veux ! »1253
LOUIS XVI (1754-1793), au duc d’Orléans, Parlement, 19 novembre 1787
C’est l’un des derniers épisodes de la guerre entre le roi et ses magistrats. Louis XVI se rend au Parlement pour imposer l’enregistrement d’un édit autorisant à émettre une série d’emprunts de 420 millions de livres. Le jeune duc d’Orléans (futur Philippe Égalité), chef de la branche cadette et premier prince de sang, l’un des plus constants opposants au roi son cousin, ose qualifier d’illégale la procédure. D’où la réplique du roi. Et pour son insolence, le duc est envoyé en exil, dans son château de Villers-Cotterêts.
« Parlement à vendre
Ministres à pendre
Couronne à louer. »1255Mots gravés sur les murs du Palais de justice, mai 1788
Des meneurs crient au coup d’État. Des soulèvements éclatent partout en France, orchestrés par une campagne de cabales et de pamphlets. En Languedoc à Toulouse, en Bretagne à Rennes, on manifeste. En Dauphiné à Grenoble le 7 juin 1788, on se soulèvera pendant la « journée des Tuiles ».
« Tremblez, tyrans, votre règne va finir. »1256
Écriteau placé au Théâtre des Italiens, sur la loge de la reine, mai 1788
Le roi essaie de faire passer les édits par lit de justice. Les Parlements organisent la résistance, font la grève de la justice, et demandent la réunion des États généraux. Les remontrances succèdent aux remontrances, les émeutes aux émeutes. Le roi doit fixer la date de la convocation tant redoutée : au 1er mai 1789. Première réunion, le 5 mai. 1 139 députés se réunissent à Versailles et quelque 50 000 cahiers de doléances expriment les revendications des Français. Date retenue comme le début de la Révolution.
« Mais c’est une révolte ?
— Non, Sire, c’est une révolution ! »1333Réponse du duc de la ROCHEFOUCALD-LIANCOURT (1747-1827), à Louis XVI (1754-1793), réveillé le soir du 14 juillet, à Versailles
Le grand maître de la garde-robe s’est permis de se manifester dans la nuit, pour informer le roi que la Bastille est prise et le gouverneur assassiné. Mieux que son maître, il a compris l’importance symbolique du fait. Ce bref dialogue résume parfaitement la situation.
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