Robespierre et Saint-Just. Le duo des frères en Révolution développe sa logique : arguments choc et dichotomie simpliste, bons et méchants, pauvres et riches, bien et mal… qui mène logiquement à l’extrémisme, l’escalade de la Terreur et au coup d’État de Thermidor, 27 juillet 1794. « La justice est à l’ordre du jour », Robespierre, Saint-Just et une vingtaine de fidèles, guillotinés sans jugement. La Révolution est presque finie.
« Si vous donnez des terres à tous les malheureux, si vous les ôtez à tous les scélérats, je reconnais que vous aurez fait une révolution. »1282
(1767-1794)
Saint-Just ou les vicissitudes de la vertu (1989), Albert Ladret.
La Révolution française n’ira jamais jusque-là. C’est une révolution bourgeoise, pour l’égalité des droits et non des conditions. Mais cette utopie chère à quelques Jacobins et Montagnards, héritée de Rousseau, sera reprise par Babeuf et ses amis, théorisée dans le Manifeste des Égaux, en 1796, relancée par le communisme.
« Celui qui a des culottes dorées est l’ennemi de tous les sans-culottes. Il n’existe que deux partis, celui des hommes corrompus et celui des hommes vertueux. »1502
ROBESPIERRE (1758-1794), au club des Jacobins, 8 mai 1793
L’Incorruptible dénonce les Girondins. Ils sont pourtant issus de la même classe bourgeoise que les amis de Robespierre, lui-même très élégant de sa personne, perruque et habit. Manichéisme simpliste, mais efficace.
« Il est impossible que les lois révolutionnaires soient exécutées, si le gouvernement lui-même n’est constitué révolutionnairement. »1540
SAINT-JUST (1767-1794), Convention, 10 octobre 1793
Frère en Révolution de Robespierre, il fait décréter le même jour : « Le gouvernement provisoire de la France est révolutionnaire jusqu’à la paix. » En vertu de quoi la Constitution de 1793 (dite de l’an I) est suspendue. La notion de loi a perdu son sens, remplacée par la nécessité d’une violence arbitraire contre les ennemis de la liberté et de la nation.
Saint-Just se retrouve au Comité de salut public avec Couthon et Robespierre : le « triumvirat », chargé de la politique générale, devient en fait le gouvernement la France.
« Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. »1569
ROBESPIERRE (1758-1794), Discours « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention », 5 février 1794
Et le quasi-dictateur définit la démocratie : « La démocratie est un État où le Peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut pas faire lui-même. »
Pour le fond, c’est Montesquieu et Rousseau. Pour la forme, c’est un exposé doctrinal, lu comme un prêche plus que parlé comme un discours. Pourtant, quelle efficacité dans ce magistère de la parole ! Louvet de Couvray, conventionnel girondin échappé à la charrette de 1793, témoigne : « Ce n’étaient plus des applaudissements, c’étaient des trépignements convulsifs, c’était un enthousiasme religieux, une sainte fureur. » Cela explique la dictature qui va relancer la Terreur.
« Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. »1571
ROBESPIERRE (1758-1794), Discours « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention », 5 février 1794
On retrouve la vertu, et dans un autre discours, deux jours plus tard, inlassable théoricien, il précise que cette vertu, de nature publique, « n’est autre chose que l’amour de la Patrie et de ses lois ». Et la Terreur continue.
« Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. »1577
SAINT-JUST (1767-1794), Convention, Rapport du 26 février 1794 (premier décret de ventôse)
Le mot sera repris en slogan et graffiti, par les étudiants de Mai 68. Mais sous la Terreur, il est lourd de menaces pour les enfants de la Patrie. Particulièrement visés par Saint-Just, les opposants à son ami Robespierre qui s’apprête à frapper sur sa gauche, puis sur sa droite. Il a longuement préparé son dernier message au peuple.
« Peuple, souviens-toi que si dans la République la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l’amour de l’égalité et de la patrie, la liberté n’est qu’un vain nom ! »1600
ROBESPIERRE (1758-1794), Convention, Discours du 26 juillet 1794, 8 thermidor an II
Veille de sa chute et du coup d’État, longue péroraison et « discours testament ». Il termine en menaçant : « Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner. Le temps n’est point arrivé où les hommes de bien peuvent servir impunément la patrie : les défenseurs de la liberté ne seront que des proscrits, tant que la horde des fripons dominera. »
La Révolution ne finira jamais, si un théoricien d’une telle rigueur garde le pouvoir absolu de mettre ses principes en pratique ! Rien non plus ne peut désarmer son ami Saint-Just qui proclamait comme un défi, le 15 avril, juste avant la Grande Terreur déjà programmée : « Il n’est rien de plus doux pour l’oreille de la liberté que le tumulte et les cris d’une assemblée du peuple. » Le tumulte sera terrible, le 9 thermidor, et fatal aux deux hommes.
Robespierre, Saint-Just, mais aussi Danton et Marat : redécouvrez la Révolution française avec les citations de ses principaux acteurs dans le tome 5 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € seulement le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.