Le vote vu par la Révolution : la belle époque, celle de tous les espoirs. La Convention vote et porte des valeurs qui se veulent universelles. Mais les peuples ne sont pas encore prêts pour la démocratie. Même en France, la mort du roi votée par l’Assemblée érigée en tribunal déchire le pays et au final, la Terreur emporte ceux qui l’ont décrétée.
« Le peuple français vote la liberté du monde. »1284
(1767-1794), Convention, 24 avril 1793
Œuvres de Saint-Just, représentant du peuple à la Convention nationale (posthume, 1834).
Superbe principe, inscrit au chapitre « Des relations extérieures » dans la Constitution de 1793. Que de guerres s’ensuivront, dont la pureté idéologique est parfois discutable !
Le plus brillant théoricien de la Révolution, le plus jeune élu de la Convention qui en deviendra président l’année suivante, est le frère intellectuel de Robespierre, chef des Montagnards et devenu maître de la France.
Ils mourront ensemble, au lendemain du coup d’État qui met fin à « leur » Terreur en juillet 1794. « Il a été permis de craindre que la Révolution, comme Saturne, dévorât successivement tous ses enfants. » Prophétie de Vergniaud, député girondin dans la charrette de juin 1793, guillotiné.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« La Convention nationale déclare au nom de la nation française qu’elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer leur liberté. »1451
Convention, Décret du 19 novembre 1792
Cette promesse solennelle va pousser la France à se lancer dans une suite de guerres que les historiens se demandent encore comment justifier : annexion au nom de la théorie des frontières naturelles, création d’un glacis de républiques sœurs ou véritable croisade pour la liberté ?
« Je vote pour la mort du tyran dans les vingt-quatre heures. Il faut se hâter de purger le sol de la patrie de ce monstre odieux. »1473
Nicolas RAFFRON de TROUILLET. Base de données des députés français depuis 1789 [en ligne], Assemblée nationale
Avocat et diplomate, rangé du côté de la Montagne, durant le procès du roi. Il fait aussi partie de ceux qui ont refusé l’appel au peuple, qui pouvait sauver la vie, sinon le trône de Louis XVI.
« Pour préserver les âmes pusillanimes de l’amour de la tyrannie, je vote pour la mort dans les vingt-quatre heures ! »1474
Claude JAVOGUES, Base de données des députés français depuis 1789 [en ligne], Assemblée nationale
Acquis aux « idées nouvelles », avec la Montagne, sans état d’âme. 366 députés votent pour la mort sans condition, 72 pour la mort sous diverses conditions et 288 pour d’autres peines (prison, bannissement). Le jugement, l’appel au peuple et le sursis une fois rejetés, la sentence est exécutoire dans les 24 heures. Séisme national.
« Un abîme est ouvert sous nos pas. Il ne faut pas hésiter à le combler de nos cadavres ou à triompher des traîtres. »1604
BILLAUD-VARENNE, Convention, 27 juillet 1794 (9 Thermidor, an II)
Épilogue fatal. Le député sait le danger. Allié de Robespierre dans la Terreur et contre les « factieux », il est de ceux qui ont organisé le coup d’État du 9 thermidor. Plus question de voter ni de parler à la tribune. Robespierre et Saint-Just seront guillotinés avec au total une centaine de « traîtres ».
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