Sans prononcer le mot, le chef des Montagnards annonce la Terreur (mise à l’ordre du jour le 5 septembre). Et sans les nommer, l’Incorruptible dénonce les Girondins.
« Celui qui a des culottes dorées est l’ennemi de tous les sans-culottes. Il n’existe que deux partis, celui des hommes corrompus et celui des hommes vertueux. »1502
(1758-1794), au club des Jacobins, 8 mai 1793
Œuvres de Maximilien Robespierre (posthume, de 1912 à 1967).
Sans prononcer le mot, le chef des Montagnards annonce la Terreur (mise à l’ordre du jour le 5 septembre). Et sans les nommer, l’Incorruptible dénonce les Girondins. Rappelons qu’ils sont issus de la même classe bourgeoise que les amis de Robespierre, lequel est toujours très élégamment vêtu. Ce manichéisme est donc simpliste, mais efficace. Il oppose les riches aux pauvres.
Un dialogue tragique commence, devant l’Assemblée qui sait que le sort de la Révolution se joue ici et maintenant, Girondins contre Montagnards. Les Girondins vont être éliminés. Robespierre sera le « maître absolu de la France » (selon Necker), Mirabeau l’avait prédit : « Cet homme ira loin, il croit tout ce qu’il dit. »
« Il n’existe qu’une sorte de délit à ce tribunal, la haute trahison, et il n’y a qu’une seule peine, qui est la mort. »1529
ROBESPIERRE (1758-1794) réaffirmant la terrible vocation du Tribunal révolutionnaire, Convention, Discours du 25 août 1793
Le Comité de salut public (guerre et diplomatie) et le Comité de sûreté générale (justice et police) sont les deux autres outils du gouvernement révolutionnaire, théorisé par Robespierre et Saint-Just.
Le Tribunal révolutionnaire n’est pas assez révolutionnaire selon Robespierre : « C’est avec la lenteur des anciens Parlements qu’il procède… Il s’est entortillé de chicanes pour juger des crimes dont le germe doit être étouffé en vingt-quatre heures. » (Discours du 5 février 1794 « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention ») Il faut simplifier la procédure : « Quand il s’agit du salut de la patrie, la lenteur des jugements équivaut à l’impunité. » La raison est claire : « Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. » Deux jours plus tard, inlassable théoricien de la Terreur, il précise que cette vertu, de nature publique, « n’est autre chose que l’amour de la Patrie et de ses lois ».
« Y a-t-il guillotine aujourd’hui ?
— Oui, répliqua un franc patriote, car il y a toujours trahison. »1572Reflet de l’état d’esprit du sans-culotte et du terrorisme légal
Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf
La guillotine est un spectacle. Les tricoteuses s’installent au pied des bois de justice, les patriotes voient les ennemis du peuple bel et bien punis et Robespierre multiplie les discours à la Convention, justifiant inlassablement la Terreur.
« Les Conventionnels […] faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’espèce humaine. »1573
CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)
Rappelons qu’il a pris ses distances avec la Révolution à la vue de la « première tête portée au bout d’une pique », en juillet 1789.
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