Révolution
Convention nationale (suite)
L’exécution des Girondins est une « boucherie de députés », les mots de la fin témoignent de leur courage, des femmes donnent l’exemple, dont Mme Roland.
21 députés girondins sont exécutés (fin octobre, début novembre 1793). Mme Roland fait partie des charrettes. Olympe de Gouges, proche du parti et pire que tout, féministe et provocatrice, part à l’échafaud.
Un député jacobin, Basire, qui dénonce la « boucherie de députés », sitôt accusé d’incivisme est bientôt guillotiné. Fouché, sinistre personnage, député girondin devenu montagnard, fait du zèle - surnommé le Mitrailleur de Lyon.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Je meurs le jour où le peuple a perdu la raison ; vous mourrez le jour où il l’aura recouvrée. »1550
(1763-1793), mot de la fin, 31 octobre 1793
Lasource, député à la Législative et à la Convention (1889), Camille Rabaud.
Ancien pasteur, acquis à la Révolution, défendant toujours ses convictions avec courage, décrété d’accusation, il est jugé avec les Girondins auxquels il s’est rallié, la dernière semaine d’octobre 1793. Les 21 sont condamnés à mort. Cinq charrettes les mènent à l’échafaud le même jour (…)
« La mort des Girondins, demandée tant de fois, fut le calmant qu’on crut devoir donner à la fureur des violents. »1551
Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)
C’est le tragique épilogue du conflit entre Montagnards et Girondins. Mais leur mort n’arrête pas le cours d’une Révolution emballée.
« Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort. »1552
Olympe de GOUGES (1755-1793), guillotinée le 3 novembre 1793. Son mot de la fin (…)
(…) Femme de lettres et femme libre jusqu’à la provocation, elle est comparable à George Sand au siècle suivant, mais ce genre de provocation est encore plus mal vu, en 1793 ! Et la reconnaissance espérée par la condamnée sera tardive.
« Rappelez-vous cette virago, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui abandonna tous les soins du ménage, voulut politiquer […] Cet oubli des vertus de son sexe l’a conduite à l’échafaud. »1553
Pierre-Gaspard CHAUMETTE (1763-1794), au club des Jacobins, novembre 1793 (…)
(…) Procureur de la Commune insurrectionnelle de Paris, il fait cette même année un discours dans le même esprit à la tribune de la Convention (…) « Depuis quand est-il d’usage de voir les femmes abandonner les soins pieux de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique (…) remplir les devoirs que la nature a répartis à l’homme seul ? »
« Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »1554
Mme ROLAND (1754-1793), montant à l’échafaud et s’inclinant devant la statue de la Liberté (sur la place de la Révolution), 8 novembre 1793. Mot de la fin
Son mari, poursuivi comme Girondin et réfugié à Rouen, apprenant la mort de sa femme, se tuera deux jours après (…) Son ami Buzot qui, contrairement à elle, a fui comme son mari pour échapper au sort des Girondins, se suicidera lui aussi, apprenant, quelques mois plus tard, la mort de Manon Roland.
« Oui ! Je tremble, mais c’est de froid. »1555
Jean-Sylvain BAILLY (1736-1793), mot de la fin, avant son exécution dont les préparatifs s’éternisent, 12 novembre 1793. Histoire de la Révolution française, volume II (1869), Louis Blanc
Il attend au pied de l’échafaud, dans le froid et sous la pluie (…) Il paie de sa vie son refus de témoigner à charge au procès de Marie-Antoinette, ainsi que la fusillade du Champ de Mars (17 juillet 1791) (…) Le condamné ne peut réprimer les tremblements de tout son corps. Un assistant du bourreau le remarque et se moque du vieil homme qu’il interpelle : « Tu trembles, Bailly ! » D’où la réponse. Ex-président de la Constituante et maire de Paris au lendemain de la prise de la Bastille, c’est surtout un grand scientifique, astronome et mathématicien (…)
« J’ai vu des membres de ce tribunal ; ils ont plutôt l’air de bourreaux que de juges. »1556
Pierre-René CHOUDIEU (1761-1838), lettre au Comité de salut public, 1793 (…)
Même un Montagnard très motivé dans ses activités révolutionnaires, répressif sur le terrain, ardent à pétitionner contre les ennemis de la patrie, s’effraie des jugements expéditifs du Tribunal révolutionnaire.
« Quand donc finira cette boucherie de députés ? Il est temps de faire cesser la terreur contre les représentants. »1557
Claude BASIRE (1764-1794), Discours au club des Jacobins, 10 novembre 1793. La Société des Jacobins (1889), François-Alphonse Aulard
Il déplore la mort d’un collègue et se sent lui-même menacé. Le lendemain, Dufourny (…) stigmatise l’incivisme : « Vouloir modérer un mouvement rapide et salutaire, c’est vouloir rétrograder. Si la Convention mollit, bientôt elle sera inondée de pétitions de la part des parents et des partisans de tous ceux qui sont maintenant dans les maisons d’arrêt (…) » Sa modération sera bientôt fatale à Basire.
« Pour être Républicain, il faut que chaque citoyen éprouve et opère en lui-même une révolution égale à celle qui a changé la face de la France. »1558
Joseph FOUCHÉ (1759-1820), à Saint-Just, novembre 1793. Joseph Fouché (1930), Stefan Zweig
(…) Fouché fascine l’écrivain autrichien. C’est l’une des plus longues carrières politiques (avec son complice Talleyrand). Serviteur de l’Empire et de la monarchie restaurée, il a commencé comme député girondin, est devenu Montagnard, régicide et pilleur d’église. Surnommé le Mitrailleur de Lyon sous la Terreur (…) il écrit le premier manifeste communiste en 1793, d’où l’amitié et l’admiration que lui vouera Gracchus Babeuf (…)
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