Démocratie. Un beau mot et une grande idée : le pouvoir (légal) au peuple. La Révolution instaure la démocratie, mais pas forcément la justice, la tolérance, le bonheur…
« Les Français sont le premier Peuple du monde qui ait établi la véritable démocratie, en appelant tous les hommes à l’égalité et à la plénitude des droits du citoyen… »1574
(1758-1794), Discours « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention », Convention, 7 février 1794
Choix des discours et des rapports les plus remarquables prononcés dans nos Assemblées parlementaires depuis 1789 jusqu’à 1840 (1840), Auguste Amic.
On retrouve la leçon démocratique du premier philosophe des Lumières, Montesquieu, même si Rousseau est plus souvent le maître à penser et à gouverner de Robespierre. Il ajoute cette conclusion logique, quoique trop optimiste : … « et c’est là, à mon avis, la véritable raison pour laquelle tous les tyrans ligués contre la République seront vaincus. » Il faut cela pour convaincre, à la tribune.
Robespierre est tout le contraire des grands tribuns révolutionnaires, type Mirabeau et Danton : rabâchage éternel dénoncé par ses adversaires, rythme incantatoire allant de pair avec la rigueur du raisonnement. Ce ministère de la parole le fait maître de la France et de la Révolution, deux ans durant, jusqu’au coup d’État du 9 Thermidor (27 juillet 1794). Ce sera la fin de la Révolution et de la Terreur, mais la démocratie commence une belle carrière - une idée neuve en Europe, et au-delà.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« C’est au bras de la noblesse de France que la démocratie américaine a fait son entrée dans le monde. »1225
Paul CLAUDEL, ambassadeur de France aux États-Unis
Allusion à La Fayette, soutenant la guerre d’Indépendance des colonies américaines contre l’Angleterre. Les États-Unis se rappelleront cette dette historique en 1917, lors de la Première Guerre mondiale.
« 100 000 Français chassés à la fin du XVIIe siècle, 120 000 Français chassés à la fin du XVIIIe siècle, voilà comment la démocratie intolérante achève l’œuvre de la monarchie intolérante. »1409
Jules MICHELET, Histoire de la Révolution française
Il compare les deux grandes émigrations contemporaines, suite à la révocation de l’édit de Nantes de Louis XIV contre les protestants et aux mesures révolutionnaires contre les émigrés. Chiffres inférieurs à la réalité.
« De l’aristocratie,
Marat fut la terreur,
De la démocratie,
Il fut le défenseur.
Du peuple, il fut le père,
L’ami le plus ardent,
Marat fut sur la terre
L’appui de l’indigent. »1521H. d’HAUSSONVILLE, La Mort de Marat, chanson, 1793
Incroyable popularité de l’« Ami du peuple », journaliste redresseur de torts, critiquant tout et tous, inventant le langage de la Terreur, voulant détruire tous ses adversaires. Révolutionnaire type jusqu’à la caricature, loin de notre idéal de démocratie.
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