26 juillet 1794 (8 Thermidor an II).
Le coup d’État se prépare dans les coulisses de la Convention, mais Robespierre qui la préside en maître absolu semble ignorer le danger.
À feuilleter pour tout savoir.
« Peuple, souviens-toi que si dans la République la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l’amour de l’égalité et de la patrie, la liberté n’est qu’un vain nom ! »1600
(1758-1794), Convention, Discours du 26 juillet 1794
Grands moments d’éloquences parlementaire [en ligne], Assemblée nationale.
C’est le 8 thermidor an II, veille de sa chute. Robespierre s’est fait discret, depuis quelques jours, et on l’attend. Cette longue péroraison est son « discours testament ». Il termine en menaçant : « Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner. Le temps n’est point arrivé où les hommes de bien peuvent servir impunément la patrie : les défenseurs de la liberté ne seront que des proscrits, tant que la horde des fripons dominera. »
La Révolution ne finira jamais, si un théoricien d’une telle rigueur garde le pouvoir absolu de mettre ses principes en pratique. Rien ne peut désarmer son ami Saint-Just, proclamant : « Il n’est rien de plus doux pour l’oreille de la liberté que le tumulte et les cris d’une assemblée du peuple. » Le tumulte sera terrible, le 9 thermidor, et fatal aux deux hommes.
« Demain, de Robespierre ou de moi, l’un des deux sera mort. »1601
Joseph CAMBON (1756-1820), se croyant sur la liste des « fripons » dénoncés et condamnés par Robespierre, Convention, 26 juillet 1794
Député de la Plaine rallié aux Montagnards, membre du premier Comité de salut public, il est devenu l’un des opposants à Robespierre. Il n’est plus seul. La loi de Prairial fut la loi de trop. Elle menace pratiquement tout le personnel politique !
Depuis la mi-juin, on cherche à ridiculiser Robespierre – une façon de tuer politiquement le dictateur. On associe son nom à ceux d’illuminés, on accrédite la version d’une mégalomanie de pseudo-messie et de vrai tyran, cumulant pouvoir politique et religieux, se plaisant à immoler ses adversaires.
« La masse de la Convention est pure ; rassure-toi ; je n’ai rien à craindre. »1602
ROBESPIERRE (1758-1794), à Duplay qui lui conseille la prudence, Convention, 26 juillet 1794
Maurice Duplay, au club des Jacobins, est un précieux auxiliaire et un fidèle de Robespierre. Mais la masse de la Convention a compris le danger. De fait, la fonction de député se révèle périlleuse : sur 749 Conventionnels, 56 guillotinés, 27 morts violentes et 15 morts en état de folie (du 31 mai 1793 au 27 juillet 1794). Il faut arrêter la mécanique fatale.
« Quand on se vante d’avoir le courage de la vertu, il faut avoir le courage de la vérité. Nommez ceux que vous accusez ! »1603
Louis Joseph CHARLIER (1754-1797), à Robespierre, Convention, 26 juillet 1794
Robespierre a dénoncé la « horde des fripons », rejetant sur eux les excès de la Terreur. C’est tout à fait dans sa manière de dire sans dire. Le nom des fripons est connu de tous (Tallien et sa femme, Carnot, Fouché, Barras…), mais chacun redoute de faire partie de la prochaine « horde ». Des listes circulent, vraies ou fausses – une façon d’échauffer les esprits.
Les « fripons » vont s’entendre pour renverser Robespierre, mais il faut faire vite. La Commune de Paris est avec lui, il a ses partisans au club des Jacobins.
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