Premier Empire
Personnage de Napoléon Ier (fin)
Voir aussi Napoléon Bonaparte, au Directoire.
Napoléon, certes « mégalo », soucieux de son image et de sa légende, se livre pourtant sans « langue de bois ». Il s’exprime surtout dans l’action, toujours en situation, avec un sens de la formule qui donne les meilleures citations. La Chronique en fait foi.
L’empereur occupe la scène à tel point que peu de partenaires existent face à lui. Pape de caractère, Pie VII fait exception à la règle, et plus encore, Talleyrand.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Il y a différentes manières d’assassiner un homme : par le pistolet, par l’épée, par le poison ou par l’assassinat moral. C’est la même chose, au définitif, excepté que ce dernier moyen est le plus cruel. »1776
(1769-1821), Correspondance
Qui veut la fin veut les moyens, et l’assassinat du duc d’Enghien, sommairement jugé et fusillé de nuit, dans les fossés du château de Vincennes, sera « pire qu’un crime, une faute ». L’assassinat moral, par calomnie, manipulation, fausses dénonciations, attaques propres à déshonorer tel ou tel adversaire, Napoléon a pratiqué tout cela, aidé par sa police, sa diplomatie, ses services secrets. Il en fut également victime (…)
« Je suis né et construit pour le travail, je ne connais pas chez moi la limite de mes forces. »1777
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Œuvres du comte P. L. Roederer : histoire contemporaine, 1789-1815 (1854), Pierre Louis Roederer
Infatigable dans son cabinet, épuisant ses collaborateurs, surprenant ses ministres, dormant quatre heures et travaillant dix-huit heures par jour, délaissant un peu sa « bonne Louise ». Quand il est en campagne, il passe des journées entières à cheval, peut rester des nuits sans dormir, n’ayant besoin pour récupérer que de brèves sieste (…) « Napoléon, c’est un professeur d’énergie ! » (Maurice Barrès).
« Eh bien ! duchesse, aimez-vous toujours autant les hommes ?
— Oui Sire, quand ils sont polis. »1778Duchesse de FLEURY (1769-1820), répondant librement à NAPOLÉON Ier (1769-1821), vers 1806. Revue politique et littéraire : revue bleue, volume I (1875)
La duchesse reste dans l’histoire sous le nom d’Aimée de Coigny - qui inspira le poème de La Jeune Captive à André Chénier. Elle écrira bientôt ses Mémoires, comme tant de gens lettrés à l’époque. Quant à l’empereur, sa goujaterie est proverbiale (…) Seul être féminin qui trouve grâce à ses yeux, Madame mère (…)
« Les femmes sont l’âme de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du gouvernement devraient leur être fermés. »1779
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre de celui qui n’est encore que jeune général à son frère Joseph, 8 septembre 1795. Dictionnaire des citations françaises, Le Robert
On croirait entendre Richelieu (…) Sa misogynie a des conséquences juridiques : la femme vit sous la tutelle du mari qui peut l’envoyer en prison si elle commet un adultère. Un homme dans la même situation est puni d’une simple amende. Même inégalité en matière de divorce (…) L’instruction est réservée aux hommes, dans les lycées et à l’Université (…) Ce misogyne a beaucoup de maîtresses, mais ce n’est pas un très bon amant (…)
« Il avait trop, certes, du soldat quand il était parmi les rois, mais qui plus que lui fut royal au milieu des soldats ? »1780
Walter SCOTT (1771-1832), La Vie de Napoléon (1827)
L’empereur sera toujours un parvenu, face aux têtes couronnées. Il enrage, en 1804 : « Cinq ou six familles se partagent les trônes de l’Europe et elles voient avec douleur qu’un Corse est venu s’asseoir sur l’un d’eux. Je ne puis m’y maintenir que par la force. » D’où l’engrenage des guerres, et des coalitions. Mais avec ses hommes, le contact est immédiat et remarquable, depuis toujours et jusqu’à la fin (…)
« Commediante ! Tragediante ! »
« Comédien ! Tragédien ! »1781PIE VII (1742-1823). Servitude et grandeur militaires (1835), Alfred de Vigny
Ces deux mots n’ont peut-être pas été prononcés tels qu’ils sont passés à la postérité, mais ils reflètent ce que ce pape de caractère pensait de l’empereur. Don de la simulation et sens théâtral, qualités reconnues au grand premier rôle que fut Napoléon, sur la scène de l’histoire (…) Le sommet de l’art reste le sacre dont Pie VII est témoin et acteur, condamné au second rôle : Napoléon tint à se couronner lui-même, le pape n’a béni que la couronne !
« Quel roman que ma vie ! »1782
NAPOLÉON Ier (1769-1821), juin 1816 (…)
L’épopée aura duré un peu plus de vingt ans. Le 5 mai 1821, le proscrit de Sainte-Hélène déclare à Las Cases : « L’adversité manquait à ma carrière. Grâce au malheur, on pourra me juger à nu. » Ces six ans de captivité vont servir sa légende. Le personnage est une source d’inspiration inépuisable pour les historiens, les écrivains, les cinéastes, jusqu’aux créateurs de jeux vidéo. Le culte napoléonien se voit dans les musées du monde entier (…)
« Vivant, il a manqué le monde ; mort, il le possède. »1783
François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Vie de Napoléon, livres XIX à XXIV des Mémoires d’outre-tombe (posthume)
Grand témoin et acteur de l’histoire, pour lui, la plus belle conquête de Napoléon n’est pas l’Europe, mais celle de l’imagination des générations qui ont suivi l’Empire. Il ne cessera d’être fasciné par l’empereur, alors même qu’il le combat, en opposant résolu : « Cet homme, dont j’admire le génie et dont j’abhorre le despotisme. »
« Sauf pour la gloire, sauf pour l’art, il eut probablement mieux valu qu’il n’eût pas existé. »1784
Jacques BAINVILLE (1879-1936), Napoléon (1931)
Conclusion d’un historien politiquement très engagé à droite, qui déplore la mythologie impériale entretenue par le Mémorial de Sainte-Hélène et la nostalgie des enfants du siècle romantique (…)
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