Histoire du Centre et du centrisme, quatrième jour.
Restauration. Après l’Empire autoritaire et absolu de Napoléon, des partis politiques vont naître, sur le modèle anglais (si cher aux philosophes des Lumières).
Contre les excès des ultras royalistes et les expressions révolutionnaires de tous bords, une forme de centre prend forme très logiquement. Des ministères modérés gouvernent la France par intermittence - un Centre et des centristes qui ne disent pas leur nom.
À feuilleter pour tout savoir.
« L’Ancien Régime moins les abus. »1893
(1755-1824), formule plusieurs fois énoncée au temps de son exil
Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf.
Tel sera son programme de roi restauré. Plus intelligent que son frère, le futur Charles X, il a compris le vœu de la France profonde et pensante.
Sous la Restauration (de la monarchie), le courant d’opinion centriste est représenté par les « constitutionnels », globalement satisfaits de la Charte (constitution) octroyée aux Français par le roi et promulguée le 4 juin 1814. Ce texte instaure une monarchie constitutionnelle au prix d’un compromis entre l’Ancien Régime restauré et les acquis de la Révolution et de l’Empire.
Sur l’échiquier politique, ces centristes seront pris entre deux feux, deux extrêmes : les ultras « plus royalistes que le roi », qui veulent le retour à l’Ancien Régime, et les indépendants ou libéraux, groupe formé de sensibilités différentes, mais qui rejettent tous le drapeau blanc (symbole du régime), la prééminence du clergé et de la noblesse, la restriction des libertés.
La Restauration se joue dans ce tripartisme dont hériteront TOUS les régimes politiques de la France, jusqu’à nos jours.
« La Charte, pour la plus grande partie de la nation, avait l’inconvénient d’être « octroyée » : c’était remuer, par ce mot très inutile, la question brûlante de la souveraineté royale ou populaire. »1919
François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)
Opposant né, grand témoin de son temps (avant Hugo). Seuls, les « constitutionnels » au centre de l’échiquier politique acceptent la Charte. En résumé, c’est drapeau blanc et Code civil. Mais la Restauration échouera bientôt à concilier les contraires, quand Charles X remplacera Louis XVIII en 1824.
« Le but du ministère est de royaliser la nation et de nationaliser la monarchie. »1968
Élie DECAZES (1780-1860), à la Chambre des députés, 15 décembre 1817
Vaste programme centriste ! Le jeune ministre de l’Intérieur ne doute de rien, surtout pas de l’appui du roi – il a raison. Mais les ultras, devenus minoritaires, restent farouchement déterminés. Cette déclaration déclenche leur fureur de « vrais » royalistes, comme si la France n’était pas royaliste ! Quant à « nationaliser » la monarchie, le mot leur fait horreur, évoquant les pires heures révolutionnaires, dont beaucoup ont souffert.
« Des pairs, j’en ferai tant qu’il sera honteux de l’être et honteux de ne l’être pas ! »2004
Comte de VILLÈLE (1773-1854), chef du gouvernement, furieux de l’opposition à la Chambre des pairs, fin avril 1827
Opposition systématique, Louis XVIII ayant fait entrer une fournée de hauts fonctionnaires impériaux hostiles aux ultras. Pour les contrer, Villèle prémédite une nouvelle promotion. Contesté à gauche et même au centre, il sera débordé sur sa droite par un groupe de nobles (la Défection) qui trouve cet ultra encore trop modéré. C’est dire si la France devient ingouvernable.
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