Restauration
Retour sur la scène politique de Talleyrand, au sommet de son art diplomatique à 60 ans.
Le « Diable boiteux » joue enfin un rôle à la mesure de son génie géopolitique, au Congrès de Vienne : représentant la France vaincue, il a gagné contre les Alliés au (premier) Traité de Paris, mais Napoléon prépare lui aussi son retour…
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Monsieur de Talleyrand n’est devenu si riche que pour avoir toujours vendu ceux qui l’achetaient. »1918
(1769-1820), Journal (posthume)
(…) Toujours aussi cupide et intelligent, le voilà réintégré dans ses fonctions de ministre des Affaires étrangères. À ce titre, il négocie fort bien le premier traité de Paris, signé entre la France et les Alliés (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie), le 30 mai 1814 (…) L’année suivante, le second traité nous sera plus défavorable, après l’épisode des Cent-Jours.
« La Charte, pour la plus grande partie de la nation, avait l’inconvénient d’être “octroyée” : c’était remuer, par ce mot très inutile, la question brûlante de la souveraineté royale ou populaire. »1919
François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)
La Charte, octroyée aux Français par Louis XVIII et promulguée le 4 juin 1814, instaure une monarchie constitutionnelle au prix d’un compromis entre l’Ancien Régime restauré et les acquis de la Révolution et de l’Empire. Seuls, les « constitutionnels » au centre de l’échiquier politique l’acceptent. En résumé, c’est drapeau blanc et Code civil (…)
« Le Congrès ne marche pas, mais il danse. »1920
Prince de LIGNE (1735-1814), au Congrès de Vienne, 1814. De la réorganisation de la société européenne (1925), Augustin Thierry
(…) Le prince de Metternich, chancelier d’Autriche et maître des lieux, organise une succession de fêtes et réceptions, bals et concerts, opéras et revues militaires. Le plaisir est roi, mis en scène à la française ou à la viennoise. Le Congrès travaille aussi et Talleyrand y veille activement. Il faut solder (…) la seconde guerre de Cent Ans contre l’Angleterre (…)
« Si cela va sans le dire, cela ira encore mieux en le disant. »1921
TALLEYRAND (1754-1838), au Congrès de Vienne, octobre 1814. L’Europe et la Révolution française, volume VIII (1908), Albert Sorel
Cité en français, ce mot figure dans beaucoup de dictionnaires étrangers. Diplomate représentant Louis XVIII, Talleyrand demande qu’on ajoute une précision à un texte. On lui dit : « Cela va sans le dire. » D’où la riposte.
« Maintenant, Sire, la coalition est dissoute, et elle l’est pour toujours […] la France n’est plus isolée en Europe. »1922
TALLEYRAND (1754-1838), Lettre à Louis XVIII, 4 janvier 1815
Message venu du congrès de Vienne, où Talleyrand, intrigant (…) pour le bien de la France, a conclu un traité secret avec l’Autriche et l’Angleterre contre la Prusse et la Russie. Un exploit diplomatique ! Le représentant du pays vaincu a réussi à diviser les Alliés, à limiter les exigences de la Prusse et de la Russie. L’épisode des Cent-Jours va ruiner tous ses efforts.
« Les Bourbons ont commencé par se faire mépriser et finissent par se faire haïr. »1923
NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Pons de l’Hérault, 6 février 1815
Bien informé, il sait l’opposition bonapartiste qui s’organise en France (…) Il parle à un compagnon de route acquis à sa cause et sa personne. Le moment est venu pour le « roi de l’île d’Elbe » : « Les maux de notre pays me déchirent l’âme (…) Les vœux de l’armée me rappellent. L’immense majorité de la nation me désire. » Il s’embarque sur l’Inconstant avec 1 200 hommes (dont 900 grenadiers), le 26 février.
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