L’épisode des Cent-Jours prouve que la vérité historique a plus de talent que toutes les fictions, surtout quand le héros a nom Napoléon, grand premier rôle de l’Histoire en citations. Il séduit à nouveau une partie du peuple français, mais il a toute l’Europe contre lui et la plupart des hommes politiques, à commencer par Fouché et Talleyrand.
« Cet homme est revenu de l’île d’Elbe plus fou qu’il n’était parti. Son affaire est réglée, il n’en a pas pour quatre mois. »1931
(1759-1820), lucide quant à l’avenir, mars 1815
1815 (1893), Henry Houssaye.
Paroles de celui qui va redevenir ministre de la Police sous les Cent-Jours, et de nouveau sous la seconde Restauration. Napoléon connaît les défauts et les qualités de l’homme. Fouché prendra son portefeuille le 21 mars 1815, en confiant à Gaillard (lieutenant général de police) : « Avant trois mois, je serai plus puissant que lui et s’il ne m’a pas fait fusiller, il sera à mes genoux […] Mon premier devoir est de contrarier tous les projets de l’empereur. »
Fouché a tort de trahir, mais il a raison de penser ainsi. Le retour de Napoléon déclenche une nouvelle guerre européenne et le second traité de Paris (signé au Congrès de Vienne) sera beaucoup moins clément.
La France n’a aucune chance de gagner, même avec ce fabuleux meneur d’hommes et manieur de foules, qui veut encore et toujours forcer le destin. C’est l’aventure de trop, c’est aussi la légende. C’est de toute manière l’Histoire et l’un des épisodes les plus étonnants.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Ils n’ont rien oublié, ni rien appris. »1926
NAPOLÉON Ier, Golfe-Juan, Proclamation du 1er mars 1815
« Depuis le peu de mois que les Bourbons règnent, ils vous ont convaincu qu’ils n’ont rien oublié, ni rien appris. » Il reprend la formule de Dumouriez, parlant des courtisans entourant Louis XVIII - mot également attribué à Talleyrand. Quoi qu’il en soit, ça résume parfaitement la mentalité des Bourbons et de leurs partisans, les ultras plus royalistes que le roi.
« Ce diable d’homme m’a gâté la France. »1937
NAPOLÉON Ier, Napoléon (1969), Georges Lefèbvre
À peine réinstallé au château des Tuileries, le 20 mars 1815, il enrage contre Louis XVIII, car il se trouve littéralement assailli de libelles demandant des garanties constitutionnelles, comme le roi a été forcé d’en accorder.
« Enfin, v’la qu’je r’voyons à Paris / Ce fils de la victoire !
L’aigle remplace la fleur de lys, / C’est c’qui faut pour sa gloire.
De l’île d’Elbe en quittant le pays, / Crac ! Il se met en route.
En vingt jours, il arrive à Paris. / C’t’homm’-là n’a pas la goutte. »1929Ot’-toi d’là que j’m’y mette, chanson de 1815
On lui doit ce mot sur l’Un des couplets du chant des partisans, de plus en plus nombreux : la magie impériale agit encore. Cependant qu’à Paris comme à Vienne, la réaction s’organise. Le Journal des Débats stigmatise le traître, les anciens compagnons de l’empereur s’apprêtent à le combattre, avant de se rallier à lui pour la plupart. Et chaque camp a sa chanson, c’est de bonne guerre !
« Il est donc revenu cheux nous / C’t’homme qu’on croyait si tranquille ?
J’aurions ben parié deux sous / Qu’i n’resterait pas dans son île,
Car c’n’est pas un fait nouveau / Qu’les enragés n’aimions pas l’iau. »1930Le Retour de Nicolas, chanson de 1815
Une des chansons royalistes qui surnomment Napoléon « Nicolas » ou « Nicodème », autrement dit un sot, en langage de l’époque. Mais le futur Charles X ne parvient pas à rassembler les régiments espérés. Quant au congrès de Vienne, il ne marche plus, il ne danse plus.
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