Le Vol de l’Aigle jusqu’à Paris peut faire illusion, avec la fin de la (première) Restauration et la nouvelle Constitution plébiscitée et proclamée. Mais l’Europe ne peut pas tolérer longtemps un tel défi, un tel danger.
À feuilleter pour tout savoir.
« Soldats du 5e, je suis votre empereur. Reconnaissez-moi. S’il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son empereur, me voilà ! »1932
(1769-1821) ouvrant sa redingote grise et montrant sa poitrine nue aux soldats venus l’arrêter, 7 mars 1815
1815 (1893), Henry Houssaye.
La scène se passe à Laffrey, près de Grenoble. L’officier fidèle au roi a crié « Feu ! » à ses hommes, Napoléon a eu ce geste, ce mot. Aucun ne tire, le cri de « Vive l’empereur ! » répond à sa voix, tous les soldats jettent les cocardes blanches et remettent les cocardes tricolores remisées dans leur sac, il y a un an. Tous se rallient à l’empereur, dans la « prairie de la Rencontre » : Stendhal raconte la scène, Steuben (artiste allemand) la peint et l’immortalise.
Le vol de l’Aigle continue, sur la route Napoléon qui mène de Golfe-Juan à Grenoble (aujourd’hui RN 85). Entouré d’une poignée de fidèles qui grandit à chaque étape, il se rend à Lyon en traversant les montagnes, pour éviter les villes royalistes. Il fait 324 km en six jours. La rapidité est le premier atout de cette expédition. Et pourtant, on va d’abord à cheval, et même à pied, sur de mauvaises routes, parfois dans la neige. L’armée bivouaque (campe) comme elle peut. Cambronne est à l’avant-garde : ordre lui est donné de ne pas tirer. À l’arrière-garde, le général Drouot fait imprimer des déclarations. Le 10 mars, entrée à Lyon, triomphale. Napoléon continue en calèche, de mieux en mieux équipé, escorté. Il écrit des lettres à sa femme Marie-Louise et promulgue une série de décrets. Il a prévu d’être à Paris le 20 mars. Rien ni personne ne peut plus l’arrêter.
« Je ramènerai l’usurpateur dans une cage de fer. »1933
Maréchal NEY (1769-1815), à Louis XVIII. Rallié au roi, il va céder à son tour au charisme de l’empereur et rejoint ses troupes, le 13 mars.
« Il faut tuer Buonaparte comme un chien enragé. »1934
TALLEYRAND (1754-1838), Congrès de Vienne, 12 mars. Napoléon a bouleversé le bon ordre du Congrès et mis notre diplomate qui faisait miracle dans une situation délicate. D’où sa colère froide, sitôt suivie de la déclaration du 13.
« [Napoléon déclaré] hors des relations civiles et sociales et livré à la vindicte publique comme ennemi et perturbateur du monde. »1935
Les souverains alliés, Congrès de Vienne, 13 mars. Déclaration bientôt suivie de la septième et dernière coalition contre Napoléon.
« J’ai travaillé au bonheur de mon peuple. Pourrais-je, à soixante ans, mieux terminer ma carrière qu’en mourant pour sa défense ? »1936
LOUIS XVIII (1755-1824), à la Chambre des députés, séance du 16 mars. Le roi s’accroche encore à son trône, avant de fuir en exil, en Belgique… et en chaise roulante.
« Ces gens-ci recommencent à dire des bêtises, en attendant qu’ils puissent en faire. »1939
Baron LOUIS (1755-1837), mai 1815. Le baron (ministre des Finances) parle avec raison des émigrés royalistes et ultras qui s’agitent en Belgique.
« Dans la prospérité, dans l’adversité, sur le champ de bataille, au conseil, sur le trône, dans l’exil, la France a été l’objet unique et constant de mes pensées et de mes actions. »1940
NAPOLÉON Ier (1769-1821), Discours du Champ de Mai, 1er juin. Le plébiscite approuvant le nouveau régime est proclamé, mais l’abstention est massive (2/3 des électeurs) … et la nouvelle Constitution (libérale) ne sera jamais appliquée.
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