La suite de l’histoire se joue sur les champs de bataille. Face à l’Europe coalisée, la partie était perdue d’avance, mais Napoléon est homme à forcer le destin. Avant le désastre de Waterloo, on ne le sait pas assez, les Cent-Jours commencent par une (dernière) victoire impériale. Mais à quel prix !
À feuilleter pour tout savoir.
« Ce n’était pas une bataille, c’était une boucherie. »1941
(1776-1865), Cahiers (versions et dates d’édition successives)
Ce grognard qui parle franc inspire le personnage du grenadier Flambeau, dans L’Aiglon de Rostand.
Il évoque ici la bataille de Ligny, commune de Belgique où les Prussiens de Blücher sont battus (pour la seconde fois) par Napoléon, le 16 juin 1815. Les troupes de Ney n’arrivent pas comme prévu, la bataille est indécise, quand Napoléon décide d’engager la garde impériale, l’arme de la dernière chance. « Ce hourra général de 3 000 hommes de grosse cavalerie sur un seul point avait quelque chose de prodigieux et d’effrayant ; il y eut plusieurs chocs des plus violents entre cette cavalerie et la cavalerie prussienne. La terre tremblait sous leurs pieds, le cliquetis des armes et des armures, tout rappelait ces descriptions fabuleuses de l’Antiquité » (témoignage de Mauduit, autre grenadier de la Garde).
La fantastique mêlée se prolonge jusqu’à la nuit. Bilan : 20 000 Prussiens et 13 000 Français blessés ou morts. Dernière victoire, deux jours avant Waterloo. Napoléon charge Grouchy de poursuivre les Prussiens : faute tactique, mais le maréchal obéit aveuglément à son empereur qui va affronter le duc de Wellington, Anglais à la tête des armées alliées.
« Tout le camp sommeille, / Le général veille […]
Son œil embrasse / Le vaste espace
Et sa main trace / L’arrêt du Destin. »1942Eugène de PRADEL (1784-1857), La Bataille de Waterloo, chanson. 19 couplets, sous-titrés Souvenirs d’un vieux militaire. Ce 18 juin 1815 va inspirer bien des vers, des pages, des pensées, rendant à jamais célèbre cette petite commune de Belgique : Waterloo.
« Derrière un mamelon, la garde était massée.
La garde, espoir suprême, et suprême pensée […]
Tranquille, souriant à la mitraille anglaise,
La garde impériale entra dans la fournaise. »1943Victor HUGO (1802-1885), Les Châtiments, L’Expiation (1853). La Garde, décimée, recule en ordre. Elle attend les secours de Grouchy, c’est Blücher qui arrive (feld-maréchal autrichien de 72 ans, surnommé Vorwärts, « En avant »). Trahison avérée.
« Un général anglais leur cria : Braves Français, rendez-vous ! Cambronne répondit : Merde ! Foudroyer d’un tel mot le tonnerre qui vous tue, c’est vaincre. »1944
Victor HUGO (1802-1885), Les Misérables (1862). La partie de la garde commandée par Cambronne tient encore les lignes… Le mot de Cambronne passe à la postérité, quoique nié par son auteur.
« La garde meurt et ne se rend pas. »1945
Général CAMBRONNE (1770-1842), paroles gravées sur le socle en granit de sa statue à Nantes (sa ville natale). Également niées par Cambronne ! Vrai ou faux, la légende est têtue.
« Garde. – La garde meurt et ne se rend pas ! Huit mots pour remplacer cinq lettres. »1946
Gustave FLAUBERT (1821-1880), Dictionnaire des idées reçues (posthume, 1913).
« Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
La pâle mort mêlait les sombres bataillons. »1947Victor HUGO (1802-1885), Les Châtiments, L’Expiation (1853). Napoléon est contraint d’ordonner la retraite : perte de 45 000 hommes (dont 30 000 Français). Waterloo est sans doute la bataille la plus commentée au monde, entre mythe, légende et réalité.
« La bataille de Waterloo a été gagnée sur les terrains de jeu d’Eton. »1948
Duc de WELLINGTON (1769-1852). Principal artisan de la victoire anglaise de Waterloo, assistant à un match de cricket à Eton, il témoigne de la foi toute patriotique en ce sport national, même s’il n’est pas lui-même un grand sportif. Mais un grand militaire, oui !
« Waterloo n’est point une bataille : c’est le changement de front de l’univers. »1949
Victor HUGO (1802-1885), Les Misérables (1862). Dans ce roman en dix volumes, Hugo brosse une fresque historique, sociale, humaine. Waterloo demeure à jamais l’un des moments clés de l’histoire de la France.
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.