Le XIXe siècle bat le record du nombre de régime dans l’histoire de France. D’où alternance et apprentissage de la vie politique au sens contemporain, avec élections et révolutions, politiciens professionnels, opinion publique plus ou moins libre, opposition plus ou moins forte et organisée.
Leçons de l’Histoire toujours d’actualité, en citations.
« Tous ces prétendus hommes politiques sont les pions, les cavaliers, les tours ou les fous d’une partie d’échecs qui se jouera tant qu’un hasard ne renversera pas le damier. »2038
(1799-1850), Monographie de la presse parisienne (1842).
Joliment dit, même s’il confond ici le damier et l’échiquier ! Comme presque tous les génies de son temps, Balzac est tenté par la politique (hésitant entre libéralisme et monarchisme catholique). Mais c’est plus que tout un prodigieux observateur des mœurs, doublé d’un « visionnaire passionné » (selon Baudelaire).
Les quelque 90 romans de sa Comédie humaine ont d’abord pour titre Études sociales : les jeux politiques de la nouvelle monarchie (de Juillet), installée dans l’histoire entre deux révolutions (1830 et 1848) y sont croqués sans indulgence et le personnage de Rastignac entre dans la galerie des grands classiques.
Adolphe Thiers sert de modèle à ce bourgeois avide d’argent et de pouvoir. « Sans jalousie, sans petitesse, sans morgue et sans préjugés, [Thiers] se détache sur le fond terne et obscur des médiocrités du temps. » Témoignage de Chateaubriand, incontestable géant des lettres, mais éternel déçu de la politique, noble restant attaché à la cause qu’il sait sans espoir de la monarchie légitimiste, en cette époque où la noblesse perd pour la première fois le pouvoir au profit de la bourgeoisie montante. Thiers sera le défenseur de cette classe, qu’il se trouve au gouvernement ou dans l’opposition. Pour finir (premier) président de la Troisième République.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le communisme, qui est la révolution même, doit se garder des allures de l’utopie et ne se séparer jamais de la politique. »2049
Auguste BLANQUI
Constat signé d’un socialiste pur et dur, révolutionnaire qui passera trente ans de sa vie en prison. Éternel dilemme entre l’idéologie (théorie ou idéal) et les contingences (économiques).
« Faites-nous de bonne politique, et je vous ferai de bonnes finances. »2064
Baron LOUIS à Guizot, Conseil des ministres
Grand financier sous l’Ancien Régime, l’Empire, la Restauration et la Monarchie de Juillet. À 75 ans, il redresse les finances publiques et place à la Banque de France Jacques Laffitte, autre honnête homme.
« Périssent nos mémoires, pourvu que nos idées triomphent ! […] Ce cri sera le mot d’ordre de ma vie politique. »2112
LAMARTINE, Chambre des députés, 27 janvier 1843
Orateur de plus en plus écouté, député sans parti devenu très populaire, il consacre ici sa rupture avec ce régime toujours plus conservateur de la Monarchie de Juillet.
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