Sixième jour de notre série de citations historiques sur le travail : la Monarchie (de Juillet 1830) tient bon, la bourgeoisie s’enrichit et se fait détester, les pauvres qui travaillent deviennent de plus en plus pauvres, une nouvelle révolution est inévitable (février 1848). Hugo, né bourgeois et de droite, témoin et bon juge des événements, en devient républicain. L’Histoire en citations fait souvent écho à cette grande voix du siècle qui nous parle toujours.
« Vous n’avez, contre cette disposition révolutionnaire des classes pauvres, vous n’avez aujourd’hui, indépendamment de la force légale, qu’une seule garantie efficace, puissante, le travail, la nécessité incessante du travail. C’est là le côté admirable de notre société. »2050
(1787-1874), Discours du 3 mai 1837
Archives parlementaires de 1787 à 1860 (1913), Assemblée nationale.
Discours et homme politique très représentatif de l’époque. Guizot est longtemps au pouvoir, chef du parti de la Résistance (… résistance au mouvement révolutionnaire), défendant les intérêts de la grande bourgeoisie d’affaires, contribuant à accroître la misère ouvrière et suscitant une opposition de plus en plus dure.
Dans le même esprit, on lui doit la fameuse formule « Enrichissez-vous ! » Mais attention, c’est le type même de la citation sortie de son contexte, mal interprétée et surtout tronquée. « Enrichissez-vous par le travail, par l’épargne et la probité, et vous deviendrez électeurs. » (Le droit de vote étant conditionné par un seuil d’imposition, le cens.)
Quoiqu’il en soit, le roi Louis-Philippe approuve les idées de son ministre : « C’est ma bouche », dit-il.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je hais celui qui jamais ne travaille
Et s’enrichit dans un honteux repos […]
C’est notr’ sueur qui gagn’ sa boustifaille,
Voilà pourquoi j’aim’ pas les aristos. »2119Gustave LEROY, Les Aristos (1848), chanson
Auteur, compositeur, interprète (ACI), chansonnier fraternel et chaleureux, adoré du public des guinguettes. On reprend ses refrains dans les ateliers, la rue. Sur fond de crise agricole, puis industrielle, commerciale, sociale, la révolte gronde. Les bourgeois s’angoissent. Faillites et ruines de familles aisées, chômage et troubles sociaux chez les ouvriers. La peur sociale engendre le cercle infernal répression-insurrection-répression.
« Partout on travaille activement aux barricades déjà formidables. C’est plus qu’une émeute, cette fois, c’est une insurrection. »2131
Victor HUGO, Choses vues, 24 février 1848 (posthume)
C’est en fait la Révolution (de février) qui va mettre à bas la Monarchie (de juillet). Hugo vibre, grand témoin du siècle et déjà républicain. Lamartine, Dumas, Flaubert, Baudelaire, George Sand et beaucoup d’autres écrivains sont témoins, parfois acteurs et enthousiastes.
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