Histoire du Centre et du centrisme, cinquième jour.
Monarchie de Juillet et Deuxième République. Le XIXe siècle voit l’affirmation des partis, stimulés par la naissance du socialisme, nouveau courant face auquel il faut se situer.
Le centre s’identifie à l’Orléanisme, réunion des modérés de gauche et de droite, dite « conjonction des centres » et qui gouverne en France. C’est le fameux « juste milieu ».
À feuilleter pour tout savoir.
« Nous cherchons à nous tenir dans un juste milieu également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal. »2065
(1773-1850), Discours du trône, 31 janvier 1831
Le Moniteur officiel, 31 janvier 1831.
Le « Roi des barricades », issu de la brève Révolution de juillet (les Trois glorieuses), doit gouverner au plus près et le régime (libéral) reste fragile jusqu’en 1835 : menacé sur sa gauche par les républicains frustrés de leur république après une révolution pour rien, et sur sa droite par les légitimistes, frappés de stupeur devant la chute si rapide de la branche Bourbon et l’escamotage du pouvoir par la branche Orléans.
Dans ces conditions, le juste milieu s’impose. Il deviendra le Tiers Parti. C’est clairement l’expression d’un centrisme qui ne dit pas encore son nom. Et ce discours, ou du moins cette phrase, devient célèbre, citée en français dans nombre d’histoires et de dictionnaires.
« Les lois ne manquent point à la justice ; la force ne manquera point aux lois. »2063
François GUIZOT (1787-1874), ministre de l’Intérieur, Chambre des députés, 11 septembre 1830
Il incarne le parti de la Résistance, contraint de se battre sur sa gauche et sur sa droite. L’agitation révolutionnaire multiplie les émeutes à Paris. La liberté de la vie politique (presse, manifestation, réunion, réseau de sociétés secrètes) rend délicate la situation des nouveaux préfets, maires, procureurs choisis parmi les anciens chefs de l’opposition libérale.
« Au-dedans, l’ordre sans sacrifice pour la liberté ; au-dehors, la paix, sans qu’il en coûte rien à l’honneur. »2066
Casimir PÉRIER (1777-1832), Chambre des députés, 18 mars 1831
Programme du nouveau président du Conseil et expression de son « juste milieu ». Opposant libéral sous la Restauration, rallié à Louis-Philippe, le voilà chef incontesté du parti de la Résistance : centre droit, opposée au mouvement démocratique. À gauche, le parti du Mouvement (…vers la démocratie) se trouve rejeté dans l’opposition. Le Tiers Parti arbitre, avec André Dupin et Le Constitutionnel, journal réputé. Le jeu des partis anime la vie politique.
« Ce qui effraie le plus dans les partis, ce n’est pas ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils négligent ou refusent de dire. »2042
Louis BLANC (1811-1882), L’Organisation du travail (1839)
Les partis politiques, au sens moderne, sont nés sous la Monarchie de Juillet. C’est l’apprentissage et l’exercice de la démocratie, pour le pire et le meilleur. Mais ce journaliste de gauche, socialiste d’opposition violente, exprime sa méfiance vis-à-vis de La Politique.
« Le drapeau rouge que vous nous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ de Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ! »2146
Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), chef du gouvernement provisoire, derniers mots de son discours du 25 février 1848
La veille, le plus populaire orateur de la gauche a entériné la République, mais il refuse le drapeau rouge. Il affronte la foule en armes qui cerne l’Hôtel de Ville, seul capable d’apaiser les insurgés du jour et de rallier le lendemain les modérés à la République. Elle sera tant bien que mal gouvernée au centre par les « bleus », républicains hostiles au retour de la monarchie voulue par les « blancs » comme au socialisme défendu par les « rouges ».
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