Grèves et autres manifestations de résistance en France. Des plus violentes (et tragiques) aux plus festives, toutes les formes sont possibles. Chaque époque réinvente son opposition. Parfois, l’Actu rentre dans l’Histoire. Les deux derniers siècles sont en cela exemplaires !
« Vivre libres en travaillant ou mourir en combattant. »2069
Cri célèbre de l’émeute des canuts, 22 novembre 1831
Histoire du mouvement ouvrier, tome I (1948), Édouard Dolléans.
C’est aussi la devise inscrite sur leur drapeau noir, symbole de l’anarchie. Mais la révolte des ouvriers de la soie est d’origine économique, et non politique : grande première historique, dans la lutte des travailleurs.
Les soyeux (fabricants) ne respectent pas le nouveau tarif des salaires, signé par leurs délégués dont ils contestent le mandat. Commencent alors les « trois glorieuses du prolétariat lyonnais » : grève, puis insurrection. Au matin du 22 novembre, les canuts de la Croix-Rousse descendent sur la ville en criant leur révolte. Ils se retrouvent sans le vouloir maîtres de Lyon, vidée de sa garnison qui risquait de pactiser avec les insurgés.
« Du travail ou la mort. Nous aimons mieux périr d’une balle que de faim. »2071
Réponse des ouvriers au préfet. Compte-rendu des événements qui ont eu lieu dans la ville de Lyon au mois de novembre 1831 (1832), Louis Bouvier-Dumolart.
L’Hôtel de Ville de Lyon est occupé par les insurgés. De nouvelles troupes, commandées par le maréchal Soult et le duc d’Orléans, réoccupent la ville, expulsent 10 000 ouvriers, le 5 décembre 1831. Bilan : 171 morts civils, 170 militaires, 600 arrestations. On destitue le préfet trop bienveillant à l’égard des revendications ouvrières.
Le tarif à l’origine de la révolte est proclamé nul et non avenu. La première grande grève de l’histoire de France est un échec tragique, sous la Monarchie de Juillet, mais elle va faire école et les canuts lyonnais entrent dans la légende, immortalisés par La Complainte des canuts d’Aristide Bruant, artiste engagé sous la IIIe République.
« C’est à la violence que le socialisme doit les hautes valeurs morales par lesquelles il apporte le salut au monde moderne. »2406
Georges SOREL (1847-1922), Réflexions sur la violence (1908)
IIIe République. Penseur socialiste influencé par Marx et Proudhon, mais aussi Nietzsche et Bergson, Sorel oppose au libéralisme et au réformisme démocratique (à la Jaurès) un anarcho-syndicalisme qui mythifie la violence, notamment la grève générale. Il inspire à la CGT de l’époque son slogan : « la grève générale révolutionnaire et violente pour la révolution sociale intégrale ».
Ce syndicalisme anarchique et outrancier coupe la CGT du pays et n’aide en rien à la solution des conflits sociaux.
« [La grève] éduque, elle aguerrit, elle entraîne et elle crée. »2550
Victor GRIFFUELHES (1874-1923), L’Action syndicaliste (1908)
Ancien ouvrier cordonnier, blanquiste, puis militant au sein du mouvement syndicaliste, il est secrétaire général de la CGT de 1902 à 1909, pendant les années chaudes.
La charte d’Amiens de juillet 1906 a exalté l’action directe : l’émancipation des travailleurs se fera par un effort des ouvriers eux-mêmes. 1908 est l’année de la plus grave agitation sociale : grèves fréquentes, violentes. En juillet 1908, à Draveil, la répression fait plusieurs morts et des dirigeants de la CGT sont arrêtés. Les affiches du syndicat dénoncent « la Bête rouge de France », « Clemenceau le tueur ».
Tout au long du XXe siècles, les grèves et autres manifestations se suivent et ne se ressemblent pas : tragiques ou folkloriques, il y en aura pour toutes les occasions de révolte.
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.