La politique devient véritablement un métier au XIXe siècle, entre la Monarchie de Juillet et la Troisième République. Elle fascine les plus grands auteurs (Hugo en tête) qui s’engagent avec autant de cœur et de talent que de sincérité, cependant que nombre d’avocats vont faire carrière avec éloquence.
« Ne me parlez pas des poètes qui parlent de politique ! »2113
(1773-1850)
Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux.
Cri du cœur du roi répondant au fameux cri du cœur de Lamartine : « Périssent nos mémoires, pourvu que nos idées triomphent ! […] Ce cri sera le mot d’ordre de ma vie politique. »
Le poète romantique, également historien, se réfère à « un grand mot, un grand et beau cri qui sortit un jour d’une Assemblée nationale de notre pays à une de ces crises où l’âme d’un peuple tout entier paraît s’élever au-dessus d’elle-même, et semble, pour ainsi dire, s’échapper par une seule voix, c’est ce cri que vous connaissez tous : Périssent nos mémoires… » Histoire des Girondins (publiée en 1847), avec ce mot de Robespierre à propos des colonies.
Orateur surdoué, député sans parti de plus en plus populaire, passé à l’opposition sous le long ministère Guizot (fin 1840 à 1847), il rompt avec cette monarchie bourgeoise et conservatrice. Parfaitement sincère et idéaliste, il sacrifie son œuvre littéraire aux exigences de la vie publique. Il ajoute dans le même discours : « L’ambition qu’on a pour soi-même s’avilit et se trompe ; l’ambition qu’on a pour assurer la sécurité et la grandeur du pays, elle change de nom, elle s’appelle dévouement. »
Le roi est d’autant plus irrité par l’opposition de Lamartine qu’il semble, avec l’âge, prendre goût au pouvoir et vouloir non plus seulement régner, mais gouverner ! Avant lui, Napoléon ne supportait pas les auteurs, tous ces gens qui parlent et qui pensent et se complaisent dans l’opposition (Chateaubriand, Mme de Staël). Après lui, Napoléon III fera jouer la censure sur la presse, mais ne pourra rien contre le plus célèbre opposant, Victor Hugo - numéro trois sur le podium des auteurs-acteurs de notre Histoire en citations, juste après Napoléon et de Gaulle.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même. »2140
Comte de MONTALEMBERT, Discours, entretiens et autres sources
Il rompt avec l’insoumis Lamennais et fait carrière, pair de France, député en 1848, rallié à Louis-Napoléon Bonaparte, membre du Corps législatif sous le Second Empire. Un engagement « de droite ».
« La politique est l’art du possible. »2441
Léon GAMBETTA
Formule fameuse, expression du pragmatisme. Qui l’eut crue de ce républicain pur et dur, idéologue tranchant et démagogue bruyant ? Il signe et il persiste !
« Vous allez peut-être m’accuser d’opportunisme ! Je sais que le mot est odieux. Pourtant je pousse encore l’audace jusqu’à affirmer que ce barbarisme cache une vraie politique. »2468
Léon GAMBETTA, Chambre des députés, 21 juin 1880
Avocat de métier, tribun par nature, il plaide ici pour l’amnistie des communards. Il lance le mot qui fera fortune en politique, les opportunistes devenant les disciples de Gambetta, mort accidentellement à 44 ans.
« Je n’ai jamais fait de politique, mais j’ai toujours guetté l’actualité. »2483
PAULUS, star du nouveau music-hall
Idole populaire qui défraie la chronique par son faste et ses frasques, il représente déjà le Français moyen, pas engagé, mais au courant des « affaires » en tous genres, sous la Troisième République.
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