Lamartine : « Le monde et nous, nous voulons marcher à la fraternité et à la paix. »

Le XIXe siècle est moins héroïque que la Révolution et l’Empire, mais l’histoire en marche trouve toujours ses causes, ses prophètes, ses héros du quotidien.
 
Trois moments dramatiques : les premiers mois de la Deuxième République qui court à l’émeute et à sa perte, la Commune de Paris, nouvelle guerre civile qui se termine en Semaine sanglante, l’Affaire Dreyfus, erreur judiciaire et crise majeure de la Troisième République.

Malgré tout, l’espoir, et l’Action chez les témoins cités, qui paient cher leur courage.

« Le monde et nous, nous voulons marcher à la fraternité et à la paix. »2153

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), Manifeste aux puissances

La France parlementaire, 1834-1851 (1865), Alphonse de Lamartine, Louis Ulbach.

L’auteur de La Marseillaise de la paix proclame les intentions pacifiques de la nouvelle République : il ne faut ne pas effrayer l’Europe qui garde en mémoire 1792, les soldats de l’an II et l’armée de l’Empire. Plus de vingt années de guerres.

La République a été proclamée le 24 février, dans un lyrisme qui doit beaucoup au très populaire Lamartine. Le poète entre dans l’histoire en refusant de remplacer le drapeau tricolore par le drapeau rouge, brandi par les émeutiers qui ont renversé la Monarchie de Louis-Philippe. Il est seul à avoir ce courage.

Un gouvernement provisoire, dont il prend la tête, institue le droit au travail, supprime la peine de mort pour motif politique, rétablit la liberté d’expression et le suffrage universel. Mais la fermeture des Ateliers nationaux aboutit à l’insurrection parisienne (23-26 juin 1848) : plus de 5 000 morts et la même violence du « bonnet de coton » (bourgeois) et du « bonnet rouge » (émeutiers). C’en est fini de l’idéal généreux des républicains de février et de l’apparent consensus national. La réalité, c’est la violence de la lutte sociale, des conflits de classes et de doctrines. Le même cycle révolutionnaire se retrouve dans plusieurs pays d’Europe, en cet été 1848.

Louis Napoléon Bonaparte est élu triomphalement président de la République (10 décembre 1848). Déroute de Lamartine (17 914 voix) qui refuse toute démagogie. Les conservateurs ont gagné, le poète se retire de la vie politique. Fin de vie difficile. Il reprend son travail d’auteur et reste très digne, avec des problèmes financiers que jamais Hugo ne connaitra.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« L’insurgé, son vrai nom c’est l’homme ! / Qui n’est plus la bête de somme,
Qui n’obéit qu’à la raison / Et qui marche avec confiance
Car le soleil de la science / Se lève rouge à l’horizon. »2407

Eugène POTTIER, paroles, et Pierre DEGEYTER, musique, L’Insurgé (1884), chanson

Poète et révolutionnaire, chansonnier socialiste le plus important (et sincère) du siècle, Pottier est déjà l’auteur de l’Internationale. Membre de la Commune de Paris (1871), réfugié aux États-Unis après la Semaine sanglante, il rentre d’exil après la loi d’amnistie et dédie cette chanson « à Blanqui et aux Communards » : « Devant toi, misère sauvage, / Devant toi, pesant esclavage, / L’insurgé se dresse / Le fusil chargé. / On peut le voir en barricades / Descendr’ avec les camarades, / Riant, blaguant, risquant sa peau… »

« La vérité est en marche ; rien ne peut plus l’arrêter. »2515

Émile ZOLA, Le Figaro, 25 novembre 1897

Il commente la demande en révision du procès de Dreyfus. Le romancier le plus populaire se jette dans la bataille. La vérité triomphera, mais après un long combat, un procès en diffamation contre Zola condamné à un an de prison, 3 000 francs d’amende, s’exilant en Angleterre. Jamais il n’a regretté cet engagement, quel qu’en soit le prix. Il meurt dans un incendie, sans doute accidentel, mais la thèse de l’assassinat n’est pas exclue.