Second Empire
Chronique (1852-1870)
Tout commence bien ou mal (selon les sources de citations), mais l’Empereur a déjà réussi son coup politique et son mariage d’amour.
Hugo sera le plus grand opposant (en exil) de Napoléon le Petit. L’entourage et surtout la famille de l’empereur seront toujours un problème, la presse d’opposition est présentement muselée, la liberté d’expression quasi nulle… Mais l’opinion publique approuve l’empire qui rassure autant que la république inquiétait - paysans et bourgeois auront longtemps peur des « rouges » et du désordre.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« M. Louis Bonaparte a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte. »2253
(1802-1885), Napoléon le Petit (1852)
Les ralliements sont nombreux, mais ni plus ni moins choquants que tous les précédents, dans cette France qui ne cesse de changer de régime depuis le début du siècle (…) Le « héros Crapulinsky » est aussi tourné en dérision par Marx, dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte : les plaies d’argent et la vie scandaleuse du personnage sont sans doute exagérées (…)
« Ce n’est pas la peine d’avoir risqué le coup d’État avec nous tous pour épouser une lorette. »2254
Duc de PERSIGNY (1808-1872), à Napoléon III, décembre 1852
Parole du seul honnête homme dans l’équipe d’aventuriers qui prépara le coup d’État et se retrouve ministre de l’Intérieur. La « lorette » est quand même une jeune fille de vraie noblesse espagnole (par son père), fort belle, moins sotte qu’on ne le dira (…) Mais sa mère irlandaise promenait sa fille en Europe dans l’espoir d’un bon mariage. Et l’empereur en est fou !
« On peut tomber amoureux de mademoiselle de Montijo, mais on ne l’épouse pas. »2255
Princesse MATHILDE (1820-1904). Napoléon III ou l’empire des sens (2010), Michel de Decker
(…) Elle va perdre son rôle à la cour quand Eugénie entre dans la vie de Napoléon III. Il a répondu : « Je l’aime, c’est elle que je veux. » Il l’épousera le 29 janvier 1853 (…) L’impératrice, femme bientôt déçue, mère passionnée, catholique dans l’âme et conservatrice convaincue, se mêlera de politique.
« La liberté n’a jamais aidé à fonder d’édifice politique durable, elle le couronne quand le temps l’a consolidé. »2256
NAPOLÉON III (1808-1873), Corps législatif, 1853
L’Empire sera autoritaire jusqu’en 1860 : pouvoir personnel à l’empereur, Parlement (Corps législatif et Sénat) sous contrôle, libertés publiques et privées restreintes, serment exigé des fonctionnaires, enseignement surveillé, opposition muselée au point d’en être inexistante (…) La liberté plus tard accordée minera l’édifice qu’elle devait couronner (…)
« L’histoire a pour égout des temps comme les nôtres. »2257
Victor HUGO (1802-1885), Les Châtiments (1853)
(…) Après le pamphlet politique contre « Napoléon le Petit », Les Châtiments sont une œuvre poétique ambitieuse. Suite au crime du 2 décembre et à la répression, Dieu inflige le châtiment et l’expiation. Le Poète, seul face à l’océan, parlant au nom du Peuple, est le messager qui annonce l’espoir, avec la venue de temps meilleurs (…)
« Osman, préfet de Bajazet,
Fut pris d’un étrange délire :
Il démolissait pour construire,
Et pour démolir, construisait.
Est-ce démence ? Je le nie.
On n’est pas fou pour être musulman ;
Tel fut Osman,
Père de l’osmanomanie. »2258Gustave Nadaud (1820-1893), L’Osmanomanie, chanson
(…) Nommé préfet de la Seine le 1er juillet 1853, le baron Haussmann voit grand et beau pour le Paris impérial. Il faut en finir avec le Paris de Balzac aux rues pittoresques, mais sales et mal éclairées, créer une capitale aussi moderne que Londres séduisit l’empereur (…) On accuse le baron de sacrifier des joyaux anciens, d’avoir un goût immodéré pour la ligne droite et de jongler avec les opérations de crédit. L’« osmanomanie » va rimer avec mégalomanie.
« Je ne lis jamais les journaux français, ils n’impriment que ce que je veux. »2259
NAPOLÉON III (1808-1873). Le Guide de la presse (1990), Office universitaire de presse
Il ne manque pas d’humour et parle vrai. Depuis le 23 février 1852, un système de pénalités graduées va de l’avertissement à la suppression, en passant par la suspension. Mais l’autocensure suffit souvent, surtout que la presse d’opposition n’existe plus – des quelque 200 journaux à Paris en 1848, il en reste 11 après le coup d’État du 2 décembre.
« Les journaux sont les chemins de fer du mensonge. »2260
BARBEY d’AUREVILLY (1808-1889). L’Esprit de J. Barbey d’Aurevilly (1908), Jules Barbey d’Aurevilly, Léon Bordellet
Romancier, journaliste et polémiste au parcours politique complexe, Barbey d’Aurevilly, surnommé le Connétable des Lettres, dénonce les effets de la censure. C’est vrai jusqu’en 1860, tournant politique à la suite duquel le gouvernement favorisera la multiplication des journaux… Et liberté redonnée à la presse en 1868, sous un Empire plus libéral.
« Cette fois, sur mer et sur terre,
Les Cosaques, nous les tenons !
La France est avec l’Angleterre,
Le Droit est avec nos canons. »2261Pierre DUPONT (1821-1870), La Nouvelle Alliance, chanson
Le propos plaît aux républicains - dirigé contre le tsar qui opprime la Pologne - et aux catholiques - la France va protéger les Lieux saints. En fait, Napoléon III saute sur l’occasion de défaire la coalition européenne défensive née à son arrivée au pouvoir, choisissant l’alliance avec l’Angleterre – pays qu’il admire. Pacte conclu le 12 mars 1854. Guerre déclarée à la Russie le 27 mai et débarquement en Crimée (…)
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