Petite histoire de la presse. Deuxième épisode : censure impériale.
La même histoire se répète avec les deux Napoléon.
Commençons par le Second Empire, avant d’y revenir pour le plaisir et pour une bonne raison : l’humour n’est pas si courant, en politique ! Et sur ce point, Napoléon III est le meilleur.
« Je ne lis jamais les journaux français, ils n’impriment que ce que je veux. »2259
Le Guide de la presse (1990), Office universitaire de presse.
L’empereur ne manque pas d’esprit, à l’occasion. Et en plus, il parle vrai.
Depuis le 23 février 1852, un système de pénalités graduées va de l’avertissement à la suppression, en passant par la suspension. Mais l’autocensure suffit souvent, surtout que la presse d’opposition n’existe plus – des quelque 200 journaux à Paris en 1848, il en reste 11, après le coup d’État du 2 décembre 1851.
Toutes les citations ci-dessous sont commentées dans nos Chroniques en 10 volumes, qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.
« La liberté de la pensée est la première conquête du siècle. L’Empereur veut qu’elle soit conservée. »1811
NAPOLÉON Ier, Le Moniteur, 22 janvier 1806
Propagande et langue de bois : c’est un journal très officiel… et il n’en reste pratiquement plus d’autres.
« L’Empereur, si puissant, si victorieux, n’est inquiet que d’une chose au monde : les gens qui parlent et, à leur défaut, les gens qui pensent. »1861
Comte de NARBONNE à Vuillemain, lors d’une visite à l’École normale en 1812
Déclaration conforme à la réalité : l’éducation est surveillée, aussi radicalement que les œuvres et les articles sont censurés.
« Les journaux sont les chemins de fer du mensonge. »2260
BARBEY d’AUREVILLY sous le Second Empire
Le « Connétable des lettres » a raison, jusqu’au tournant libéral (1860) qui permet la multiplication des journaux et la presse d’opposition.
« La France, dit l’Almanach impérial, contient trente-six millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement. »2294
ROCHEFORT, La Lanterne, 1er juin 1868
Première phrase du premier numéro de ce journal satirique d’opposition. Un vent de liberté souffle enfin sur l’Empire et l’humour se déchaîne.
« Il paraît que la Constitution anglaise interdit à la souveraine de parler politique. La Constitution française est moins sévère ; elle ne l’interdit qu’aux journalistes. »2296
ROCHEFORT, La Lanterne, 15 août 1868
Tous les commentaires de ces citations se trouvent dans la série des 10 Chroniques :
Les Chroniques, en 10 volumes, racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.
L’Histoire apparaît comme un scénario de film à grand spectacle, alternant avec une pièce de théâtre intime, toujours entre comédie et tragédie.
Elle s’incarne à travers toutes sortes de personnages. Les noms célèbres côtoient des inconnus, et le peuple, anonyme, occupe constamment la scène, prenant le premier rôle, de Révolution en Commune.
Toute époque tragique abonde en mots épiques et mots de la fin, mais l’esprit à la française résiste, même aux pires moments de la Terreur, des massacres ou des guerres.
Au fil des citations, l’action avance et rebondit, cependant que toutes les opinions et les passions s’expriment. Au final, il s’en dégage une réalité, voire une vérité historique, humaine et multiforme.
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