Second Empire
Contestations sur divers fronts, mais « l’Empire est plus fort que jamais ».
Napoléon III va gagner son dernier plébiscite (mai 1870). L’Empire libéral est massivement approuvé, l’avenir semble assuré pour son fils, le prince impérial, mais le danger est ailleurs - la Prusse veut la guerre.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« C’est vous, Messieurs les ouvriers, qui seuls avez fait l’Empire ; à vous de le renverser seuls. »2298
(1809-1880)
L’Association internationale des travailleurs (1871), E. E. Fribourg.
Député républicain et avocat, comme Gambetta, il répond au nom de l’opposition républicaine aux internationaux qui parlent au nom de l’opposition socialiste : le prolétariat pourra-t-il compter sur la bourgeoisie libérale quand il prendra les armes pour la République ? Non, et c’est la rupture entre les ouvriers dont le socialisme est devenu politique, puis révolutionnaire, et les députés républicains.
« Quand Julien fait des boulettes,
C’est un grand pâtissier,
Quand Haussmann double nos dettes,
C’est un bien grand financier ! […]
Refrain
Ce préfet – Est parfait
Il fait bien tout ce qu’il fait. »2299Paul AVENEL (1823-1902), Les Comptes fantastiques d’Haussmann, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
Le mot qui fait titre (signé Jules Ferry) se réfère aux Contes fantastiques d’Hoffmann, classique de la littérature romantique allemande (porté au théâtre et mis en musique par Offenbach). Les grands travaux d’« Osman » se révèlent ruineux, les combinaisons de crédit sont douteuses. Le préfet Haussmann sera limogé en 1869, mais le Paris impérial de ses rêves et de ses plans est presque achevé (…)
« On peut tout faire avec des baïonnettes, excepté s’asseoir dessus ! »2300
Prince NAPOLÉON (1822-1891), septembre 1869. Mot également attribué à Clemenceau (1841-1929) et au Feld-maréchal autrichien Schwarzenberg (1771-1820), déplorant la fragilité du régime en 1814 (Restauration)
Le ministre de l’Intérieur (Laroquette, homme de droite) affirme que l’Empire est assez fort pour vaincre ses opposants. « Plon-Plon », l’éternel frondeur de la famille, réplique à juste titre qu’un pouvoir assis sur la force de ses baïonnettes n’est pas stable. De fait, le régime est doublement ébranlé (…) L’opposition profite de la presse libérée et des élections plus loyales du 24 mai (…) et les syndicats tolérés depuis 1866 poussent à des grèves parfois sanglantes (…)
« Personne ne peut refuser son concours à la constitution d’un gouvernement qui donne le progrès sans la violence et la liberté sans la révolution. »2301
Émile OLLIVIER (1825-1913), Corps législatif, 9 janvier 1870
Napoléon III décide d’aller plus avant sur la voie libérale (…) Républicain rallié à la nouvelle politique impériale et chargé de former le nouveau ministère, il en appelle à tous les partis - stratégie ou tactique qu’on retrouvera nombre de fois sous les trois Républiques à venir.
« Si pour fonder la liberté avec l’Empire vous comptez sur notre concours, il faut vous attendre à ne le rencontrer jamais. »2302
Léon GAMBETTA (1838-1882), refusant la main tendue par Émile Ollivier, Corps législatif, 9 janvier 1870
Républicain pur et dur, il se dit investi d’un « mandat impératif » par une « opposition irréconciliable ». Le refus est sans appel : « Entre la République de 1848 et la République de l’avenir, vous n’êtes qu’un pont, et ce pont, nous le franchissons. »
« J’ai dans ma main le ministère
Et dans ma manche le Sénat,
Je fais la paix, je fais la guerre,
Enfin c’est moi qui suis l’État !
Mon peuple est un mouton docile
Dont je sais tondre la toison.
Refrain
Majesté, répondit Émile,
Majesté, vous avez raison ! »2303Paul AVENEL (1823-1902), Le Plébiscite (1870), chanson
La chanson brocarde Émile Ollivier, hier républicain, aujourd’hui ministre, croyant œuvrer pour un empire plus libéral. La suite est plus cruelle pour l’empereur : « Les effluves républicaines / Font à la France un sang nouveau / Et le mien, vieilli dans mes veines / Ne monte plus à mon cerveau / Mais malgré mon état sénile / Je reste au Louvre en garnison / Majesté, répondit Émile / Majesté, vous avez raison ! » (…)
« Mon enfant, tu es sacré par ce plébiscite. L’Empire libéral, ce n’est pas moi, c’est toi ! »2304
NAPOLÉON III (1808-1873), à son fils, le prince impérial Eugène Louis Napoléon, âgé de 14 ans, 8 mai 1870
L’empereur rayonne et en oublie sa douloureuse maladie, après le plébiscite triomphal du 8 mai : 7 350 000 oui (et 1 538 000 non) pour approuver le sénatus-consulte du 20 avril 1870. L’Empire devient une monarchie parlementaire : ministres responsables devant les Chambres qui ont aussi l’initiative des lois.
« Nous pouvons maintenant envisager l’avenir sans crainte. »2305
NAPOLÉON III (1808-1873), Corps législatif, 8 mai 1870
L’empereur a joué et gagné, en refaisant appel directement au peuple, comme il y a vingt ans : « J’ai retrouvé mon chiffre », dit-il. L’opposition républicaine se divise et Gambetta résume la pensée de tous : « L’Empire est plus fort que jamais ! » C’est oublier la Prusse.
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