Debout ! Le mot soudain symbolique entre dans l’histoire de France en des heures souvent tragiques.
« Montmartre, Belleville, ô légions vaillantes, Venez, c’est l’heure d’en finir. Debout ! La honte est lourde et pesantes les chaînes, Debout ! Il est beau de mourir. »2326
(1830-1905), À ceux qui veulent rester esclaves
La Commune (1898), Louise Michel.
1871. La Commune de Paris inspire bien des poèmes, des chants qui sont autant de cris de guerre, de haine ou d’espoir. Louise Michel est l’héroïne la plus populaire de cette page d’histoire : ex-institutrice, militante républicaine et anarchiste, surnommée la « Vierge rouge », elle appelle à l’insurrection les quartiers « rouges » de la capitale, ceux qui font toujours peur aux bourgeois.
Survivante de la Commune, pasionaria des barricades, militante de gauche extrême, chez elle, les actes sont toujours conformes aux mots, et les mots à la pensée.
« Debout ! Les damnés de la terre !
Debout ! Les forçats de la faim ! »2382Eugène POTTIER (1816-1888), paroles de L’Internationale
Poète et révolutionnaire, chansonnier socialiste le plus important (et sincère) du XIXe siècle, Pottier se cache dans Paris livré aux Versaillais. Membre élu de la Commune et maire du IIIe arrondissement, alors que tout espoir semble perdu, il dit, il écrit en ce mois de juin 1871 sa foi inébranlable en la « lutte finale ». Réfugié aux États-Unis après la Semaine sanglante, il rentre de son exil après la loi d’amnistie (1880).
Son texte ne sera publié et mis en musique que plus tard.
« Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! Debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout ! »2558Eugène POTTIER (1816-1888), paroles, et Pierre DEGEYTER (1848-1932), musique, L’Internationale, chanson
Né sous la Commune, devenu hymne du mouvement ouvrier français depuis 1899, ce chant est adopté par l’ensemble des partis socialistes au lendemain du congrès de la IIe Internationale à Stuttgart en 1910, et connaît alors un énorme succès populaire. Il sera bientôt hymne national soviétique, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui encore, socialistes, communistes et autres gauches reprennent ce chant : « C’est la lutte finale / Groupons-nous et demain / L’Internationale / Sera le genre humain. »
« Debout les morts ! »2593
Adjudant PÉRICARD (1876-1944) du 95e RI (régiment d’infanterie), 8 avril 1915
Fait rapporté par Maurice Barrès, L’Écho de Paris du 18 novembre 1915
Première Guerre mondiale. Dans l’attaque de la Woëvre (plaine à l’ouest de la Lorraine), les Allemands ont envahi la tranchée, les soldats français gisent à terre. De cet amas de blessés et de cadavres, soudain un homme se soulève et crie. À cet appel, les blessés se redressent et chassent l’envahisseur. Le plus célèbre « Debout » de l’Histoire n’est pas signe de révolte – sinon contre l’ennemi.
Par cette citation épique et mystique, l’adjudant de 36 ans, engagé volontaire, entre dans la légende en héros. Durant l’entre-deux-guerres, devenu père de dix enfants, c’est un « ancien combattant » qui réunit 6 000 témoignages de poilus, dans un ouvrage collectif : Verdun 1914-1918.
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