Premier jour de cette semaine consacrée à la Troisième République, à la Guerre de 1870-71 et à la Commune.
Années terribles. Les tragédies s’enchaînent en quelques mois : guerre franco-allemande, siège de Paris par les Prussiens, défaite humiliante, résistance de Paris, révolte de la Commune, second siège par les Versaillais, guerre civile, suivie d’un massacre historique. Tout commence par la chute du Second Empire… en chanson.
« Bon voyage, vieux Badinguet, Porte aux Prussiens ta vieille Badinguette ! Bon voyage, vieux Badinguet, Ton p’tit bâtard ne régnera jamais. »2334
Les Actes de Badinguet (1870), chanson
La Commune en chantant (1970), Georges Coulonges.
Couplets vengeurs contre l’empereur déchu dont la popularité s’est effondrée - Badinguet est le nom du maçon dont Louis-Napoléon Bonaparte emprunta les vêtements pour s’évader du fort de Ham en 1846. Quant à l’impératrice, elle ne fut jamais aimée du peuple.
À l’Assemblée, l’opposition (gauche républicaine) applaudit la capitulation de Sedan (3 septembre) : la déroute de l’armée impériale condamnait le régime. Le retournement de l’opinion publique est quand même spectaculaire. En mai dernier, le peuple plébiscitait le sénatus-consulte de Napoléon III (7,3 millions de voix, contre 1,5 million) et son fils de 14 ans, le très légitime prince impérial, était « sacré » comme son successeur.
Prisonnier des Allemands, libéré en 1871, exilé en Angleterre, Napoléon III meurt des suites d’une opération à la vessie. Eugénie lutte encore pour rendre la couronne au prince impérial et la mort de ce fils unique (1879) entraîne sa retraite politique. Elle meurt en 1920 - son ami, le colonel anglais Verner, met un terme à « cinquante ans de tristesse et de soucis noblement subis » en lui apprenant l’armistice du 11 novembre 1918 : « Madame, le jour de Sedan est vengé. »
Famille impériale au destin brisé, cependant que les conséquences de la guerre perdue en 1870-71 vont marquer le pays, bien au-delà de la guerre mondiale de 1914-1918. La capitale est particulièrement visée.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« D’vant l’boucher, d’vant l’boulanger, / On grelotte dans la rue :
Ni pain ni viand’ pour changer, / Mais quelqu’fois y’a d’la morue. / C’est dans l’plan de Trochu.
Refrain. Savez-vous l’plan de Trochu ? Grâce à lui rien n’est fichu. »2348Le Plan de Trochu, chanson (1871)
Assiégé par les Prussiens, Paris raille son gouverneur qui répète : « J’ai un plan, j’ai un plan. » On voit venir la défaite. « Le jour où Paris n’aura / Plus d’quoi nourrir une puce / S’disait chacun, l’on fera / Semblant d’se rendre à la Prusse / Ça doit être l’plan de Trochu. »
« Trochu : participe passé du verbe trop choir. »2349
Victor HUGO, L’Année terrible (1872)
Hugo ne va pas rater le mot, quand le général Trochu démissionne en janvier 1871, après une résistance bien passive.
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