Troisième République, de la fin du XIXe siècle au début du XXe - de la Commune au Front populaire.
L’esprit de Mai 68 anime la Vierge rouge, passionaria des barricades au printemps 1871. Mais l’aventure finit vite et mal. La République est née dans la douleur (guerre civile et guerre étrangère franco-allemande).
Au printemps de 1936, le Front populaire demeure une fête, la grève générale immobilise le pays et la gauche au pouvoir obtient des avancées sociales qui font date, rattrapant le retard pris par la Troisième République.
À feuilleter pour tout savoir.
« La révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du cœur. »2365
Ex-institutrice, militante républicaine et anarchiste (prête à un attentat contre Thiers), auteur de poèmes et de théâtre, c’est d’abord une idéaliste comme tant de communards, et l’héroïne restée la plus populaire. Un quart de siècle après, elle fait revivre ces souvenirs vibrants, et tragiques.
La pasionaria des barricades appelle les quartiers populaires à l’insurrection, et jusqu’au sacrifice : « Montmartre, Belleville, ô légions vaillantes, / Venez, c’est l’heure d’en finir. / Debout ! La honte est lourde et pesantes les chaînes, / Debout ! Il est beau de mourir. »
Premiers affrontements, le 2 avril : bataille de Courbevoie. Les Fédérés (ou Communards) tentent une sortie de Paris pour marcher sur Versailles, mais sont arrêtés par le canon du Mont Valérien, fort stratégique investi par les Versaillais depuis le 21 mars : les rêveurs de la Commune qualifient les obus qui les écrasent de « choses printanières ».
« Il s’agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence, d’oser enfin se redresser. Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes pendant quelques jours… Cette grève est en elle-même une joie. »2678
Simone WEIL (1909-1943), La Révolution prolétarienne, 10 juin 1936
Agrégée de philosophie, ouvrière chez Renault un an avant, pour être au contact du réel, elle écrit son article sous le pseudonyme de Simone Galois. Ne pas confondre avec Simone Veil !! Mais elle mériterait elle aussi le Panthéon.
Passionnée de justice, mystique d’inspiration chrétienne quoique née juive, toujours contre la force et du côté des faibles, des vaincus et des opprimés, la jeune femme vibre à cette aventure et – comme elle le fera jusqu’à sa mort, à 34 ans – participe pleinement : « Joie de vivre parmi ces machines muettes, au rythme de la vie humaine. Bien sûr, cette vie si dure recommencera dans quelques jours. Mais on n’y pense pas, on est comme des soldats en permission pendant la guerre. Joie de pénétrer dans l’usine avec l’autorisation souriante d’un ouvrier. Joie de trouver tant de sourires, tant de paroles d’accueil fraternel. Joie de parcourir ces ateliers où on était rivé sur sa machine. »
« Vous comprenez, c’est comme s’ils [les ouvriers] avaient été au tombeau jusqu’à aujourd’hui. Ils ont soulevé la pierre tombale et ils voient enfin la lumière. »2679
Témoignage d’un dirigeant de la CGT
D’innombrables témoignages concordent, sur ces « grèves de la joie » : mai 36, comme Mai 68, c’est une fête. En juin, plus de 12 000 grèves toucheront près de 2 millions d’ouvriers – le secteur public ne sera cependant pas concerné.
« Il est revenu un espoir, un goût du travail, un goût de la vie. »2681
Léon BLUM (1872-1950), constat du chef du gouvernement, 31 décembre 1936
« … La France a une autre mine et un autre air. Le sang coule plus vite dans un corps rajeuni. Tout fait sentir qu’en France, la condition humaine s’est relevée. »
Georges Duby confirme, dans son Histoire de la France : « Le Front populaire, ce n’est pas seulement un catalogue de lois ou une coalition parlementaire. C’est avant tout l’intrusion des masses dans la vie politique et l’éclosion chez elle d’une immense espérance […] Il y a une exaltation de 1936 faite de foi dans l’homme, de croyance au progrès, de retour à la nature, de fraternité et qu’on retrouve aussi bien dans les films de Renoir que dans ce roman de Malraux qui relate son aventure espagnole et justement s’appelle L’Espoir. »
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