Pas de drame national, pas encore de crise digne de ce nom. Mais la gestion du quotidien fait partie de l’histoire et donne quelques citations présidentielles qui prêtent à sourire. Involontaire, l’humour se savoure mieux, qu’elle que soit l’époque.
« Que d’eau, que d’eau ! »2445
(1808-1893) à la vue des inondations catastrophiques, Toulouse, 26 juin 1875
Mac-Mahon (1895), abbé Berry.
La réponse du préfet est encore plus savoureuse : « Et encore, Monsieur le Président, vous n’en voyez que le dessus… ! »
Il faut toujours contextualiser comme l’on dit ! Le maire de la ville sinistrée, tenant à recevoir dignement le président de la République, s’est lancé dans un long discours. Le maréchal, pour couper court à ce déluge de paroles, regardant les plaines envahies par les eaux, a ce mot pour lequel il sera mal à propos brocardé. Vingt ans plus tôt - Second Empire et guerre de Crimée -, son militaire « J’y suis, j’y reste » avait certes plus fière allure, lors du siège de Sébastopol.
« Que d’eau, que d’eau… » Ce mot peut être qualifié d’« infrahistorique », comme ceux recensés par Jean Lacouture, biographe du général de Gaulle, le premier et plus illustre président de notre Cinquième République. Pour être lui-même et devenir une mine de citations historiques toujours en situation, le général a besoin de circonstances exceptionnelles. Mais tout président doit prononcer au quotidien d’innombrables discours sur tout et sur rien. Exemples ?
« Je puis vous assurer que la Loire continuera à couler dans son lit » aux maires du Loiret, à Orléans, mai 1959. Dans le même esprit, à Fécamp : « Je salue Fécamp, port de mer et qui entend le rester » et à Lyon, pour saluer la capitale des Gaules : « Lyon n’a jamais été aussi lyonnaise. » Sic !
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je suis, vous le savez, messieurs, profondément républicain et profondément conservateur. »2448
Jules SIMON, président du Conseil, Chambre des députés, Déclaration ministérielle du 14 décembre 1876
Les républicains ont triomphé aux élections. Situation inconfortable pour Mac-Mahon, président monarchiste, et première forme de « cohabitation ». Il s’en tire en appelant Jules Simon, républicain modéré, pour former le gouvernement. Dès son premier discours, le voilà bien onctueux et conciliateur.
« Il sera cardinal avant moi ! »2449
Monseigneur DUPANLOUP parlant de Jules Simon, Histoire de la France contemporaine, 1871-1900 (1903), Gabriel Hanotaux
Évêque d’Orléans et député, il a ce mot sur le nouveau président du Conseil des ministres - fonction qui apparaît dans l’histoire de France. Il ne reste pourtant pas longtemps à la tête du gouvernement. Mac-Mahon le renvoie, alors qu’il a l’appui des députés. On parle de « coup d’État », mais à tort, car c’est légal.
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