Mac-Mahon, jouant le jeu du régime parlementaire, s’est soumis au vote républicain (1877), puis démis de la présidence (30 janvier 1879). La République est désormais aux républicains, majoritaires dans les deux chambres - Assemblée et Sénat formant le Parlement.
D’autres problèmes politiques vont surgir, de crise en crise. Gambetta se bat jusqu’au bout.
« Nos ministres ? De simples numéros d’ordre sortis au hasard de la foule représentative que nous décorons du beau nom de Parlement ! »2464
(1838-1882), Chambre des députés, 1879
La Troisième République (1968), Maurice Baumont.
Le Républicain en chef fulmine contre les députés et les ministres du nouveau gouvernement : « Dans trois mois, ils iront rejoindre dans les sous-sols de la vie publique les inconnus engendrés par le scrutin d’arrondissement. Ils végéteront jusque-là, ne disant rien, ne faisant rien, ex nihilo nihil. » On croirait déjà entendre Clemenceau…
De fait, avec Jules Grévy à la tête de l’État commence le système des crises ministérielles qui va caractériser, paralyser, empoisonner le régime et discréditer les hommes politiques - au passage, remarquons l’absence totale de femmes sous la Troisième, jusqu’au gouvernement du Front populaire en 1936. Dans les premiers temps, l’Assemblée prend des présidents de la République choisis pour leur effacement, lesquels nommeront des présidents du Conseil assez insignifiants pour ne pas leur porter ombrage. Gambetta, qui se verrait bien au pouvoir, n’a pas le profil de l’emploi !
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Gambetta […] ce n’est pas du français, c’est du cheval ! »2465
Jules GRÉVY, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France (1985), Jean Jacques Chevallier, Gérard Conac
Deux avocats, deux républicains, mais trente ans les séparent et la haine éclate au grand jour. Le rigide Grévy se moque de Gambetta qui parle, passionnément, précipitamment, impressionnant à la tribune. Il l’écarte du pouvoir, de peur qu’il fasse peur au pays, surtout aux ruraux.
« Néron, Dioclétien, Attila, préfigurateur de l’antéchrist ! »2466
Les catholiques insultant Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, en 1879. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Ferry-la-Famine sous la Commune et bientôt Ferry-Tonkin pour sa politique coloniale, le ministre est attaqué sur sa réforme de l’enseignement primaire (laïc, gratuit et obligatoire) au détriment de l’enseignement privé. Le 16 juin, la loi Ferry enflamme la Chambre. Gambetta défend son ami et tape si fort du poing sur la table qu’il perd son œil de verre. Les députés en viennent aux mains. Il faut trois ans avant que passe le train des lois Ferry.
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