Désenchantement à suivre, sous la Troisième République… et les suivantes. Un poète se distingue quand même par son engagement qui le fait mourir au tout début de la Première Guerre mondiale.
« La mystique républicaine, c’est quand on mourait pour la République, la politique républicaine, c’est à présent qu’on en vit. »2556
(1873-1914), Notre jeunesse (1910)
Et « l’essentiel est que […] la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance ».
C’est dire si Péguy, l’humaniste qui se voudra toujours engagé, jusqu’à sa mort (aux premiers jours de la prochaine guerre), doit souffrir de la politique politicienne née sous la Troisième République.
De plus en plus isolé par son intransigeance, patriote et dreyfusard, socialiste et chrétien, suspect à l’Église comme au parti socialiste et ignoré jusqu’à sa mort du grand public, c’est l’un des rares intellectuels de l’époque échappant aux étiquettes. Il témoigne à la fois contre le matérialisme du monde moderne, la tyrannie des intellectuels de tout parti, les manœuvres des politiques, la morale figée des bien-pensants. Le poète appelle de tous ses vœux et de tous ses vers la « génération de la revanche » (contre l’Allemagne). Lieutenant, il tombe à la tête d’une compagnie d’infanterie, frappé d’une balle au front, à Villeroy, le 5 septembre, veille de la bataille de la Marne.
Restent ses vers prémonitoires, deux derniers alexandrins d’un poème qui en compte quelque 8 000 : « Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre ! Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ! »
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le Parlement est le plus grand organisme qu’on ait inventé pour commettre des erreurs politiques, mais elles ont l’avantage supérieur d’être réparables, et ce, dès que le pays en a la volonté. »2603
CLEMENCEAU, Sénat, 22 juillet 1917
Aussi grand homme politique que politicien réaliste. Quels qu’en soient les défauts, il défend la démocratie : « Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. »
« La politique, ce n’est pas de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. »2875
Henri QUEUILLE, nouveau président du Conseil, septembre 1948
La formule reflète une tendance très Quatrième République. Venu de la Troisième, ministre près de vingt fois avant 1940, il a pour méthode de contourner les difficultés. Cet immobilisme décrédibilise le personnel politique.
« L’opinion publique […] est souvent une force politique, et cette force n’est prévue par aucune constitution. »2839
Alfred SAUVY, L’Opinion publique (1956)
Née au siècle des Lumières et incontestable progrès démocratique, l’opinion publique sondée autant que manipulée risque de faire la loi et pousse au populisme.
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