Verdun, 1916 (bataille du 21 février au 18 décembre).
La longue et sanglante guerre des tranchées caractérise la Grande Guerre : elle culmine à Verdun, en Lorraine, l’une des principales places fortifiées de l’Hexagone, tenue par le général Pétain et bombardée durant cinq mois (février à juillet). En trois mots dans l’action… et deux citations en situation.
« Verdun est le cœur de la France. »2595
(1859-1941), empereur d’Allemagne, 14 février 1916
L’Épopée de Verdun, 1917 (1917), Gaston Jollivet.
1916. Nouvelle année de batailles indécises et sanglantes, dont le plus terrible exemple est Verdun. Le général en chef allemand Falkenhayn a décidé de s’en emparer. Le Kaiser adresse à ses troupes une proclamation glorifiant l’attaque imminente : « Moi, Guillaume, je vois la Patrie allemande contrainte à l’offensive. Le peuple veut la paix ; mais pour établir la paix, il faut savoir clore la guerre par une bataille décisive. C’est à Verdun, cœur de la France, que vous cueillerez le fruit de vos peines. »
Pourquoi, Verdun ? Il y a bien des raisons : tactiques, stratégiques, logistiques, politiques. Et psychologiques. La prise de Verdun, ce serait l’effondrement du moral de l’armée française : « Verdun n’est pas seulement la grande forteresse de l’Est destinée à barrer la route à l’invasion, c’est le boulevard moral de la France », dira le maréchal Pétain, héros de cette guerre, avant de sombrer dans la tragédie de la suivante.
« Ils ne passeront pas. »2596
Défi des Français face aux Allemands, à Verdun. 1916
L’offensive allemande, menée par le Kronprinz Frédéric-Guillaume, fils aîné du Kaiser Guillaume II, commence le 21 février. Ses canons et mortiers sont très supérieurs aux nôtres, il a l’initiative, le premier choc est terrible – un déluge de feu – et le fort de Douaumont est pris par surprise. Mais Joffre réagit, fait appel à Pétain, la percée allemande échoue, et l’on se retrouve face à face, dans une guerre d’usure.
Cette résistance proclamée, c’est d’ailleurs la réaction espérée par les Allemands : voulant à tout prix défendre ce « cœur de la France », l’armée française va épuiser toutes ses forces et l’Allemagne gagnera.
Elle ne gagnera pas, et « ils ne passeront pas », mais à quel prix ! Verdun demeure la bataille qui symbolise l’horreur de la Grande Guerre. C’est aussi un tournant dans ce premier conflit mondial, avec une industrialisation très poussée, pour une technologie toujours plus meurtrière : obus et canons, lance-flammes et gaz asphyxiants.
« Courage ! On les aura ! »2597
Général PÉTAIN (1856-1951), derniers mots de l’Ordre du jour rédigé le 10 avril 1916
Commandant de la IIe armée, il prend la direction des opérations après la première offensive allemande, réorganise le commandement et le ravitaillement des troupes par la Voie sacrée (qui relie Verdun à Bar-le-Duc). L’équilibre des forces est rétabli et la brèche colmatée. Il redonne confiance aux « poilus » et impose que les troupes soient périodiquement remplacées - système du « tourniquet », en vertu de quoi 70 % de l’armée française a « fait » Verdun.
Dix mois de batailles de tranchées, chaque jour 500 000 obus de la Ve armée allemande pour « saigner à blanc l’armée française », 80 % des pertes venant de l’artillerie. Chaque unité perdra plus de la moitié de ses effectifs – 162 000 morts et 216 000 blessés, côté français. Saignée comparable, chez l’ennemi. Dans l’« enfer de Verdun », la résistance française devient aux yeux du monde un exemple d’héroïsme et de ténacité, cependant que Pétain reste comme le vainqueur de Verdun.
« L’un d’nous est mort, et mort joyeux
En s’écriant : tout est au mieux !
Voilà ma tombe toute préparée
Dans la tranchée. »2578Théodore BOTREL (1868-1925), Rosalie, chanson
« J’admire les poilus de la Grande Guerre et je leur en veux un petit peu. Car ils m’eussent, si c’était possible, réconcilié avec les hommes, en me donnant de l’humanité une idée meilleure… donc fausse ! »2577
Georges COURTELINE (1858-1929), La Philosophie de Georges Courteline (1929)
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